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BLOG RENPING

Respiration et Qi Gong

7/26/2021

 
FORMATION WUSHU SANTÉ - Mémoire Philippe Velard
Photo


RESPIRATION ET QI GONG

Mémoire
Formation Wushu Brest

Philippe Velard
Octobre 2020

Sommaire
Introduction..................................................................................................................................................
1 - Anatomie et physiologie de la respiration ..............................................................................................

1.1 - Volumes respiratoires ...........................................................................................................
2.2 - Physiologie de la respiration ................................................................................................
2.3 - La cage thoracique ...............................................................................................................
2.4 - Les muscles de la respiration ...............................................................................................

2 - La respiration, une activité globale .......................................... ..............................................................
3 - Les commandes de la respiration ...........................................................................................................
4 - Aspects Yin/Yang de la respiration..........................................................................................................
5 - Qigong et respiration .............................................................................................................................

5.1 - Augmentation de la capacité respiratoire .............................................................................
5.2 - Respiration, souffle et intention ...........................................................................................
5.3 - Utilisation des phases d’apnées ............................................................................................
5.4 - Utilisation de la voix .............................................................................................................
5.5 - Qigong de Guolin ..................................................................................................................

6 - Respiration et Qigong : Réflexions ..........................................................................................................
Conclusion ...................................................................................................................................................
Remerciements ............................................................................................................................................
Bibliographie ...............................................................................................................................................
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Introduction
La respiration est à la fois une activité physiologique permanente et inconsciente et un outil extraordinaire qui m’a souvent été d’un grand secours dans des périodes difficiles. La pratique d’une respiration abdominale consciente et profonde m’a toujours été bénéfique pour sortir d’états de tension physique ou psychique, ponctuels ou chroniques, bien avant que je découvre le qigong. C’est l’exploration de la respiration, grâce à des exercices respiratoires issus du yoga proposés par un kinésithérapeute et la pratique d’exercices de sophrologie qui ont beaucoup participé au développement de mon intérêt pour le qigong. C’est pour ces différentes raisons que le choix de la respiration comme sujet de mémoire m’est apparu évident. L’objectif de ce travail est de faire la synthèse de mes connaissances actuelles et le lien entre la théorie (physiologie, médecine chinoise), mon expérience de pratiques respiratoires et le qigong et d’effectuer une recherche, bibliographique et phénoménologique.
Le terme qigong est composé de deux caractères qi : 气 et gong : 功. Le terme gong 功est composé du caractère gong 工 qui signifie travail, travailleur, ouvrier,… et du caractère li 力 qui signifie puissance, force, aptitude… Gong 功signifie le travail, l’entrainement avec une notion d’acte méritoire et donc d’implication, d’assiduité et de persévérance.

Le terme qi 气s’écrit en écriture traditionnelle 氣 avec le caractère du riz, mi 米. Il peut évoquer l’idée du riz, qui en cuisant dégage de la vapeur. Cette vapeur peut soulever le couvercle et donc évoquer l’idée de souffle et d’énergie. Elle se condense également au contact du couvercle redonnant de la matière, l’eau, et peut évoquer le concept de transformation et donc le principe de la théorie du yin/yang. Le terme qi est souvent traduit par énergie mais c’est un concept très vaste qui représente également l’air, le gaz, le souffle de la respiration, et également l’énergie vitale et le souffle vital. C’est un concept omniprésent dans tous les pants de la culture chinoise, des sciences aux activités de la vie quotidienne domestiques ou professionnelles, en passant par les domaines artistiques, sportifs… Qigong est souvent traduit par travail de l’énergie, et il serait plus juste de parler d’entrainement du souffle mais comme nous venons de le voir, il couvre un champ très vaste et des pratiques très variées qui permettent de converger vers la réunion du corps, de l’esprit et du souffle.
Lors d’une conférence de Zhangming Liang en mai 2020 à laquelle j’ai pu assister en visioconférence, il citait les Trois Régulations (SanTiao /三调) comme étant un des fondements de la pratique du qigong. Ces Trois Régulations sont la régulation du corps (TiaoShen / 调身), la régulation de la respiration (TiaoXi / 调息) et la régulation de l’esprit (TiaoXin / 调心). Il a également insisté sur la différence entre une respiration physiologique naturelle (non consciente), HuXi (呼吸), qui signifie littéralement « expirer, inspirer » en chinois et la respiration consciente et dirigée qui peut être présente lors de la pratique du qigong. Dans ce dernier cas on parle alors de TiaoXi, exercice ou ajustement de la respiration ou de TuNa (吐纳) qui signifie « cracher / absorber ». TuNa renvoie a une expression ancienne déjà mentionnée dans le Zhuangzi sous la forme « TuGu NaXin » (吐故纳新) qui signifie « cracher l’ancien et absorber le nouveau ». (1)
On peut déjà donc distinguer deux grandes catégories de respiration : la respiration physiologique inconsciente et la respiration comme activité consciente, dirigée ou non. J’approfondirais ces deux points plus loin mais il apparait déjà que la pratique du qigong passe par une respiration consciente.
Il existe deux grandes écoles qui reprennent ces deux modes de respiration dans le monde des pratiques psychocorporelles (2).

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La première se base sur l’absence de consigne pour la respiration lors de la pratique. Elle considère que la respiration est un phénomène naturel et inné, qui doit se faire librement avec le mouvement ou selon les besoins physiologiques du corps. Ce principe est à rapprocher du Wuwei (无为) taoïste. Forcer ou diriger sa respiration serait dans ce cas contre nature et pourrait induire des déséquilibres. La deuxième école passe par un apprentissage de techniques respiratoires. La respiration devient alors un champ d’exploration et un outil de la pratique. C’est le cas du yoga dont une de ses branches est pranayama, discipline dédiée aux exercices respiratoires. Comme dans le qigong, il y a une notion de souffle et d’énergie vitale universelle dans pranayama, qu’il ne faut donc pas réduire à un seul exercice de respiration.
1 - Anatomie et physiologie de la respiration
Afin de comprendre le phénomène de la respiration, je vous propose d’explorer l’appareil respiratoire et son fonctionnement.
La respiration est composée d’un cycle de quatre phases :
      - une phase d’inspiration : qui peut être considérée comme la première puisque nous commençons notre vie à la naissance par une inspiration. Elle consiste à remplir les poumons d’air.
      - une phase d’apnée (plus ou moins longue).
      - une phase d’expiration : qui peut être considérée comme la dernière puisque nous
terminerons notre vie par une expiration. Elle consiste à vider l’air contenu dans les poumons.
      - une phase d’apnée (plus ou moins longue).
Il est bien sûr possible d’insérer des phases de rétention au cours des phases d’inspiration ou d’expiration.
Les phases d’apnées inconscientes permettent d’adapter le débit d’air et donc les échanges gazeux en fonction des besoins physiologiques de l’organisme. L’apnée peut également être volontaire.

La respiration peut être caractérisée par différentes fréquences (temps entre les différentes phases du cycle) mais également par la vitesse des flux d’air ou débit, à l’inspiration ou à l’expiration.
Comme nous le verrons plus en détail par la suite, la respiration peut se faire à différents étages de la cage thoracique : de partie la partie haute, au niveau des clavicules ou basse au niveau des cotes flottantes. On oppose d’ailleurs souvent les respirations thoraciques (hautes) et abdominales (basses), souvent qualifiées respectivement de taoïstes et bouddhistes.
La respiration peut enfin être caractérisée par différents volumes d’air inspiré et expiré.
1.1 - Volumes respiratoires
La respiration se caractérise donc par les différents volumes et capacités du système respiratoire suivants :
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La capacité pulmonaire totale (environ 5,5 litres) est la somme de la capacité vitale (environ 4,5 litres), potentiellement utilisable, et du volume résiduel (environ 1 litre). Le volume d’air résiduel est le volume d'air des poumons qu'il est impossible d'expirer. Il correspond au volume résiduel à la fin d’une expiration forcée. Le volume courant (environ 0,5 litre) est celui utilisé lors d’une respiration passive, au repos. Il reste relativement faible, utilisant 11 % de la capacité vitale, volume total potentiellement utilisable pour la respiration. La part de volume de réserve est importante avec 89 % de la capacité vitale. Le volume de réserve est utilisé lors d’un effort physique afin d’augmenter l’échange en oxygène et dioxyde de carbone, et il peut également être utilisé lors d’une respiration dirigée, à l’inspiration et/ou à l’expiration. Il y a donc deux volumes de réserve, utilisés de part et d’autre du volume courant : à l’inspiration et à l’expiration.
Le débit ventilatoire est le produit du volume courant par la fréquence respiratoire ( Débit =Volume X Fréquence ).
Le débit d’échange peut donc être augmenté par l’augmentation de la fréquence respiratoire ou par l’augmentation du volume courant. Cependant, le volume résiduel étant constant, il est préférable d’augmenter le volume courant et donc l’amplitude de la respiration, plutôt que d’augmenter la fréquence, pour un meilleur échange alvéolaire. Une respiration ample et lente est donc plus efficace (en termes d’échanges gazeux) qu’une respiration courte et rapide. Nous retrouvons ici l’intérêt de la respiration profonde et lente qui est majoritairement utilisée lors des exercices de qigong. La recherche d’une plus grande amplitude et d’une souplesse thoracique fait d’ailleurs partie des objectifs de certains mouvements de torsion, étirements…
2.2 - Physiologie de la respiration
La respiration est une des fonctions du système cardiorespiratoire, qui permet les échanges gazeux du corps, au niveau des poumons, avec l’air de l’environnement extérieur. Grace à la respiration, le corps absorbe de l’oxygène O2, et rejette du dioxyde de carbone, CO2. On retrouve ici la notion de « cracher l’ancien et absorber le nouveau ». Le deuxième organe du système cardiovasculaire est le coeur qui permet le transport dans l’ensemble du corps de l’oxygène et du dioxyde de carbone par le sang. L’apport en O2 capté par les poumons se fait par l’intermédiaire du système artériel et l’évacuation du CO2, par le système veineux. On distingue également la petite circulation ou circulation pulmonaire, entre poumons et coeur qui permet les échanges gazeux avec l’extérieur, et la grande circulation ou circulation systémique qui concerne les échanges gazeux avec l’ensemble des tissus du corps :
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Du point de vue de la médecine chinoise, les Trois Foyers (Sanjiao / 三焦) est une Entraille (Fu / 腑) qui regroupe et fait la synthèse des fonctions physiologiques des viscères, en trois zones anatomiques. Le Foyer supérieur comprend le Coeur et le Poumon. Il diffuse les fluides et les subtilités essentielles des boissons et aliments (Shuigu Jingwei / 水穀精微), propulse et régule le Qi et le sang et fait circuler le Qi nourricier (Yingqi / 营气) et le Qi défensif (Weiqi / 卫气). (3) Nous retrouvons les fonctions du système cardiovasculaire, qui permet la captation de l’oxygène et sa diffusion par la propulsion du sang. La circulation du sang permet la diffusion des éléments nécessaires au fonctionnement des cellules du corps (nutriments, oxygène…) : activité de Yingqi. Elle intervient également dans les fonctions immunitaires par la présence et l’activité des leucocytes : activité de Weiqi.
Le système cardiovasculaire possède un lien fort avec le Qi fondamental (Zongqi / 宗气), dont les sources sont le souffle pur (Qingqi / 清气) provenant de l’air inspiré et Shuigu Jingwei et dont les fonctions concernent la respiration et le rythme cardiaque. (3)
D’un point de vue anatomique, l’appareil respiratoire est composé des voies aériennes supérieures des voies aériennes inférieures et du diaphragme :
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Les voies aériennes supérieures, dites aérodigestives car elles sont communes aux systèmes respiratoire et digestif, sont extrathoraciques et comprennent le nez, les cavités nasales, la bouche, le pharynx, le larynx :
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Elles sont une zone de conduction et ont pour fonctions d’apporter l’air inspiré jusqu’aux lieux d’échanges gazeux, mais également d’humidifier, de réchauffer et d’épurer l’air. Cette dernière fonction s’effectue par la filtration et l’expulsion par la toux ou l’éternuement des impuretés ou irritants.

La fonction d’humidification des voies aériennes supérieures est à rapprocher du lien entre Poumon et Sécheresse, climat de l’automne, rassemblés sous l’élément Métal, dans la théorie des 5 mouvements (Wu Xing / 五行) en médecine chinoise. En effet le Poumon craint la sécheresse et un excès de Sécheresse nuit aux fonctions du Poumon.

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Les voies aériennes inférieures sont intrathoraciques et se composent d'une zone de conduction (trachée, bronches, bronchioles) et d'une zone d'échange (conduits et sacs alvéolaires, alvéoles pulmonaires) :
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Les poumons sont l’organe qui contient les zones d’échanges. Ces dernières qui peuvent représenter une surface de 80 m² chez un adulte sain, permettent l’hématose, échange gazeux : approvisionnement en O2 et rejet du CO2. Il existe un poumon gauche avec deux lobes et un poumon droit avec trois lobes. Le poumon gauche est plus petit car il partage l’espace gauche du volume thoracique avec le coeur.
2.3 - La cage thoracique
La cage thoracique, est une partie du squelette, composée du rachis dorsal avec douze vertèbres, avec leurs douze côtes qui se rejoignent au niveau du sternum :
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Cette carapace squelettique contient et protège les organes nobles que sont le coeur et les poumons, organes du Foyer Supérieur (Shang Jiao / 上焦).

C’est une structure déformable qui permet les mouvements des organes et donc les modifications de volume des poumons qui se gonflent et se vident. Les mouvements de la cage thoracique sont possibles grâce à des nombreuses articulations situées dans la partie dorsale au niveau du rachis entre les vertèbres et entre les vertèbres et les cotes. Sur la face avant du thorax, les cotes sont reliées au sternum par les cartilages costaux, qui par leur souplesse permet une grande flexibilité de cette zone de la cage thoracique. Les cotes sont des structures osseuses qui possèdent également une certaine souplesse et donc une déformabilité.

La capacité respiratoire dépend donc, en partie, de la capacité de la cage thoracique à se déformer et donc de sa souplesse. Malheureusement, la sédentarité liée à nos modes de vie contemporains, la perte d’élasticité musculaire et la sarcopènie liées au vieillissement, influent négativement sur l’amplitude de cette enveloppe protectrice limitant mécaniquement l’amplitude respiratoire.

Comme nous le verrons dans un chapitre suivant, de nombreux exercices de qigong permettent d’entretenir, voir développer cette souplesse de la cage thoracique.

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2.4 - Les muscles de la respiration
De nombreux muscles peuvent intervenir dans la respiration mais seul le diaphragme est dédié à la respiration.

Le diaphragme est un muscle strié, composé de trois parties : 2 parties mobiles en forme de coupoles et une partie centrale fixe située sous le coeur. Il est fixé sur sa périphérie à la cage thoracique au niveau des six dernières cotes, de la douzième vertèbre dorsale et de la troisième vertèbre lombaire et du sternum. Il sépare les viscères thoraciques (coeur et poumons) des viscères abdominaux, et sépare donc le Foyer supérieur du Foyer médian. Ses mouvements ont donc une incidence sur sa partie supérieure, le Foyer Supérieur, et sur sa partie inférieure, les Foyers Médian et Inférieur.

Lors de l’inspiration, le diaphragme se contracte et le centre des coupoles qu’il forme, descend. Cette contraction entraine mécaniquement une dépression au dessus, comme lorsqu’on tire le piston d’une seringue qui par conséquent se remplit. L’inspiration est donc un phénomène actif.

Lors de l’expiration, le diaphragme se relâche et remonte entrainant une diminution du volume des poumons : c’est un phénomène passif qui est accentué par le retour élastique du tissu pulmonaire. Étiré lors de l’inspiration, le poumon revient ensuite à sa position de base.

Ce fonctionnement est celui utilisé lors d’une respiration dans le Volume Courant. Cependant, d’autres muscles interviennent, muscles inspirateurs et muscles expirateurs, principalement lors de respiration de plus grandes amplitudes. C’est le cas lors d’un effort physique ou lors d’exercices respiratoires volontaires.

Lors d’une inspiration forcée, en utilisant donc le Volume de Reserve Inspiratoire (VRI), d’autres muscles se contractent avec le diaphragme pour augmenter le volume des poumons. Ces muscles sont également appelés inspirateurs costaux car ils permettent « d’ouvrir » la cage thoracique Ce sont les petits et grands pectoraux, les sterno-cléido-mastoïdiens, les scalènes, les petits et grands dentelés… Ils interviennent également en contraction isométrique lors des apnées dans le VRI, et dans l’expiration dans le VRI par un relâchement musculaire progressif qui freine le retour au volume courant. L’inspiration dans le Volume de Reserve Expiratoire (VRE), se fait grâce au relâchement musculaire par le retour des côtes en position neutre.

L’expiration jusqu’au Volume courant se fait principalement par le retour élastique des poumons et le relâchement de la tension du diaphragme. Elle peut également être forcée, en utilisant le VRE, permettant de diminuer le volume de la cage et donc de vider l’air contenu dans les poumons jusqu’au Volume Résiduel.
Les muscles expirateurs permettent de diminuer le volume des poumons. Ce sont principalement les abdominaux (transverses, obliques et grand droit) et les muscles du thorax qui permettent de serrer les cotes et contracter la cage thoracique : triangulaires du sternum, carré des lombes, intercostaux...

Il est donc important pour garder une Capacité Vitale et un Volume Courant important, et donc une meilleure performance respiratoire, de maintenir les différents muscles utilisés par la respiration par des exercices d’assouplissement et de renforcement.

2 - La respiration, une activité globale
La respiration est avant tout un échange avec le monde extérieur, l’environnement dans lequel nous vivons. Les propriétés de l’environnement et donc la qualité de l’air respiré et donc de QingQi, ont donc un impact sur notre équilibre physiologique. Il parait donc évident, que la pratique du qigong,
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dans un objectif de santé, devra être se faire dans une ambiance saine et donc de préférence, en extérieur dans un cadre naturel.

Le diaphragme est le muscle principal de la respiration mais il est également en lien avec le fonctionnement d’autres organes. Il est relié sur sa partie supérieure aux poumons par les plèvres et au coeur enveloppé par le péricarde, qui repose sur le centre phrénique (zone centrale du diaphragme). Cette partie supérieure du thorax est déformable, comme un sac, grâce à la structure des poumons. Elle correspond au Foyer Supérieur selon la Médecine Traditionnelle Chinoise qui le considère comme un brouillard, en charge de la propulsion et de la diffusion du Qi et du Sang. Le diaphragme est relié sur sa partie inférieure aux viscères de l’abdomen, directement par le péritoine : estomac et foie, et indirectement : reins, rate, pancréas, gros intestin…

L’abdomen contrairement au thorax, est incompressible. Il agit comme une masse liquide qui peut se déformer sans changer de volume. Les mouvements du diaphragme ont donc une action mécanique sur l’ensemble des viscères.

L’abdomen correspond aux Foyers Moyen et Inférieur en Médecine Chinoise qui les considère respectivement comme un marécage et un égout. Le Foyer Moyen est en charge de la digestion, de la transformation et du transport de l’essence subtile des aliments et de la production du Qi et du Sang. Le Foyer Inférieur est lui en charge du drainage et de l’élimination des déchets.

En médecine chinoise le Poumon a quatre fonctions (3) dont deux concernent plus particulièrement
la respiration :
                - Le Poumon gouverne le Qi (Fei Zhu Qi / 肺主气). Cette fonction renvoie à la captation de l’air par les poumons, mais également au lien du Poumon avec les différents Qi du corps dont Zong Qi et Wei Qi.
                  - Le Poumon gouverne la diffusion, la descente et la purification (Fei Zhu Xuanfa sujiang / 肺主宣发肃降). La fonction de descente renvoie à la descente du Qi et des liquides organiques vers les Reins. On peut bien sûr faire le lien avec la respiration abdominale qui pendant la phase d’inspiration appuie sur les viscères abdominaux grâce aux mouvements descendant du diaphragme lors de sa contraction. Il faut également faire le lien avec le Gros Intestin, qui est une Entraille (Fu / 腑) couplée avec le Poumon par la théorie des 5 mouvements (Wu Xing / 五行), et qui a pour fonction l’élimination des déchets. La fonction de purification du Poumon renvoie à la notion vue précédemment d’absorption de l’oxygène et de l’élimination du dioxyde de carbone, ou « cracher l’ancien et absorber le nouveau ».

L’activité diaphragmatique et cette notion de descente renvoie également à la fonction de réception du Qi des Reins. En effet, une des trois fonctions des Reins est de gouverner la réception du Qi (Shen Zhu Na Qi / 肾主纳气). Cette fonction est directement en lien avec la respiration qui doit être ample et profonde.

Des expressions comme « porter l’intention au DanTian », « faire descendre le souffle (ou l’énergie) au DanTian » reviennent souvent en qigong. Les DanTian (丹田) sont trois centres énergétiques du corps selon la médecine chinoise. Les expressions précédentes concernent plus particulièrement le DanTian inférieur qui est une zone située sous le nombril à l’intérieur de l’abdomen. Il correspond au centre de gravité du corps. En adoptant une respiration abdominale profonde, il est possible de conduire le souffle, avec l’intention, jusqu’au DanTian inférieur.

Par ailleurs, outre la fonction de ventilation, l’action du diaphragme est importante dans le retour veineux. Il agit mécaniquement comme une pompe qui vient mettre en pression la cavité abdominale lors de l’inspiration, améliorant le retour veineux, en opérant un massage favorisant ainsi le transit intestinal, qui reprend la fonction de descente du Poumon.

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L’action mécanique liée aux mouvements du diaphragme permet par la mise en pression et le relâchement de cette pression sur les viscères abdominaux, une mise en mouvement des différents fluides et liquides physiologiques comme le sang. Cette mise en mouvement permet améliore la circulation et limite donc les stagnations, limitant ainsi les stagnations de Qi dans cette région au niveau des Foyers Moyens et Inférieurs.
Le système respiratoire a également la fonction de la production du son de la voix. On retrouve ce lien entre la voix et l’organe Poumon en médecine chinoise puisque la voix est une manifestation clinique visible de la fonction du Poumon. (3) En cas de dysfonctionnement, enrouement, voix faible, aphonie, elle donne une indication sur un état de vide ou de plénitude. Une voix forte renvoie à des syndromes de Plénitude et de Chaleur, une voix faible à des syndromes de Vide et de Froid, une voix éraillée avec bouche sèche à un vide des liquides organiques… Il existe également une correspondance entre le type de son et les cinq mouvements (WuXing), les cris correspondant au Bois, les rires au Feu, les chants à la Terre, les sanglots au Métal et les soupirs et plaintes à l’Eau.
Lors du troisième Colloque national de QiGong Santé en octobre 2019 à Brest, Pr Lei Bin a présenté lors de sa conférence « Les effets du Qigong Santé sur le système respiratoire et circulatoire », la diapositive ci-dessous (Figure 1), qui reprend les relations entre le Poumon et les autres organes selon la théorie des cinq mouvements. Il me parait intéressant d’observer ces relations puisque le Poumon est l’organe de la respiration.
Figure 1 - Relations entre Poumon et Coeur, Foie, Rate et Reins (4)
Photo
Je vous propose l’interprétation suivante :
Photo
La relation 1, Sheng ( 生) est une relation
d’engendrement
La Rate est la mère du Poumon, elle le nourrit. La Rate produit le qi et le sang, transforme et fais circuler les fluides. Le mouvement ascendant de la
Rate permet la communication avec le Poumon. Le Poumon est la mère des Reins. Le Poumon contrôle le qi, participe à la diffusion du sang et reçoit les fluide. Le mouvement descendant du Poumon dirige le Qi et les liquides vers les Reins. La respiration et plus particulièrement la phase d’inspiration par le mouvement du diaphragme participe à ce mouvement descendant.

La relation 2, Ke (克) est une relation de domination, de contrôle.
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Le Poumon domine le Foie. Le mouvement descendant du Poumon permet de contrôler le mouvement ascendant du Qi du Foie. Il permet de contrôler la montée du feu du Foie, et la colère. Le Cœur domine le Poumon. Le Cœur propulse le sang qui est le support du Qi, lui-même gouverné par le Poumon. Le Cœur gouverne l’activité mentale, et lors d’une respiration dirigée l’esprit peut contrôler la respiration et donc l’activité du Poumon.
La respiration est directement impactée par toute manifestation d’ordre émotionnel (5). Nous verrons plus loin le lien entre la respiration et le système nerveux. En médecine chinoise, il existe plusieurs causes de maladie dont les causes internes (NeiYin / 内因), qui sont en lien avec les sept sentiments (QiQing / 七情). Lorsque les émotions prennent des proportions excessives (intensité, durée, fréquence…), elles peuvent rompre l’équilibre énergétique du corps et créer des maladies. Chaque émotion est en lien avec un organe spécifique selon la théorie des cinq mouvements, et a un impact sur le qi. La joie (Xi / 喜) relâche le qi. La colère (Nu / 怒) fait monter le qi. L’accablement (You / 憂) et la tristesse (Bei / 悲) diminuent le qi. La pensée obsessionnelle (Si / 思) noue le qi. La peur (Kong / 恐) fait descendre le qi. La frayeur (Jing/ 惊) agite le qi. Ces émotions et leur impact sur le qi modifient la respiration. Le Poumon est particulièrement touché par l’accablement et la tristesse. Il a la fonction de gouverner le Qi et il est donc compréhensible qu’une émotion qui l’affecte directement, diminue le Qi.
« Toute excitation émotionnelle produit une accélération de la respiration, et en même temps une augmentation de profondeur et un effacement de la pause respiratoire. C'est un type respiratoire bien spécial ; il n'est pas absolument constant. On observe parfois, quand l'émotion est très forte, une suspension assez longue de la respiration en expiration ; dans la gaieté et dans bien d'autres circonstances, la respiration devient très irrégulière ; enfin, dans l'état volontaire de tristesse, par évocation d'images et de sentiments appropriés, la respiration devient très profonde et très lente, avec des pauses expiratoires énormes. Il serait bien difficile de faire tenir tous ces effets dans une simple formule, à moins de se contenter de dire que les émotions troublent le rythme respiratoire. » (6)
Si les émotions influencent la respiration, comme nous venons de le voir, la respiration volontaire permet le processus inverse en limitant l’impact des émotions. Il existe de nombreuses études montrant l’impact des techniques basées sur la respiration, comme la méditation, pranayama, mais aucune de ces études n’a isolé l’impact de la respiration seule. Cependant l’ensemble de ces études montrent l’influence des techniques basées sur la respiration sur le système nerveux et le contrôle émotionnel et le bien-être psychologique. (7)
C’est une des conséquences de la pratique du qigong, par la régulation de la respiration et de l’esprit, qui permet de limiter l’impact des émotions, causes de maladie internes.
Il est également important de noter le lien entre le sang et l’activité psychique en médecine chinoise, puisque le sang est le support du Shen. Le fonctionnement du système cardiovasculaire a donc un impact sur l’équilibre de l’activité psychique. Lorsque Zhangming Liang parle de réguler l’esprit (Tiao Xin / 调心) il faut aussi interpréter réguler/ calmer le cœur, puisque Xin/心 signifie esprit mais également l’organe cœur. On retrouve là la fonction du cœur de gouverner l’activité mentale. La pratique du qigong passe donc par un état de calme mental et physiologique.
3 - Les commandes de la respiration
La respiration est contrôlée par le système nerveux autonome, pour la respiration non consciente et par le système nerveux somatique, pour la respiration dirigée.
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Le système nerveux autonome est celui en charge de l’équilibre du milieu intérieur du corps et donc de l’activité physiologique non consciente, rythme cardiaque, activité des organes, respiration… On distingue trois voies : sympathique et para sympathique que l’on pourrait schématiser comme un accélérateur et un frein, et le système entérique, qui contrôle le système digestif et dont nous ne parlerons pas.
Le système sympathique est celui qui correspond à l’accélérateur et permet de mettre le corps en action. Les fonctions permettant une meilleure performance pour se défendre, fuir, chasser, sont privilégiées : augmentation du rythme cardiaque permettant un plus grand débit sanguin, afin d’approvisionner les muscles, libération de glucose par le foie pour également alimenter le système musculaire, dilatation des pupilles pour une plus grande acuité visuelle, sécrétion d’adrénaline et noradrénaline et augmentation du rythme respiratoire…

Inversement, le système parasympathique est celui qui correspond au frein et qui permet de mettre le corps au repos et de le régénérer. Le rythme cardiaque ralenti, le péristaltisme intestinal est augmenté, le rythme respiratoire diminue…
Lors d’une respiration non dirigée, des capteurs, chémorécepteurs ou mécanorécepteurs, récoltent des informations comme les teneurs en O2 et CO2 dans le sang, le pH du sang et du liquide céphalorachidien, la pression au niveau des poumons, et les transmettent aux centres respiratoires situés dans le tronc cérébral. Ces derniers activent ensuite les différents muscles respiratoires en fonction des besoins de l’organisme, par les motoneurones (ceux du nerf phrénique commandant le diaphragme). Il existe des centres respiratoires inspiratoires et des centres respiratoires expiratoires, qui gèrent dans les deux cas, le rythme et l’amplitude de la respiration.
Ce sont les informations reçues par nos sens sur notre environnement, et notre interprétation (souvent inconsciente) qui enclencheront l’un ou l’autre des systèmes sympathique et parasympathique, avec l’objectif de nous adapter à cet environnement.
Il est donc important lors de la pratique du qigong de se couper du monde extérieur, afin de limiter l’impact des informations venant de l’extérieur sur le système nerveux, et limiter l’induction d’émotions qui modifient la circulation du sang, du qi et de la respiration. C’est une composante de la régulation de l’esprit. Cependant, l’objectif final sera la transposition de cet état de calme intérieur, expérimenté et développé pendant la pratique, dans le quotidien. La focalisation de la conscience sur la respiration est un des outils utilisé en qigong afin de limiter la place des informations perçues par nos sens.
Le stress correspond à la mise en place du système sympathique, bénéfique ponctuellement pour nous permettre de réagir et nous adapter à une contrainte de notre environnement. Malheureusement, lorsque les signaux venant de l’environnement ou notre interprétation génère un stress qui devient chronique, le corps et l’esprit se mettent en « mode accélérateur » sur une période longue et provoque un déséquilibre qui mène à l’épuisement ou à des maladies. Il existe deux méthodes qui permettent d’orienter le système nerveux autonome vers la voie sympathique ou parasympathique : les molécules chimiques des médicaments qui modifient les messages du système nerveux, et la respiration consciente.
4 - Aspects Yin/Yang de la respiration
Le cycle de la respiration rentre complètement dans la dynamique de l’alternance yin/yang avec ses phases successives, opposées, interdépendantes et indissociables d’inspiration et expiration.

La phase d’inspiration est yin, avec un mouvement du souffle vers l’intérieur et vers le Dantian inferieur. L’air entre dans le corps, avec le mouvement descendant du diaphragme.

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La phase d’expiration est yang, avec un mouvement du souffle vers l’extérieur du corps. L’air sort du corps, avec le mouvement remontant du diaphragme.
La technique respiratoire appelée « cohérence cardiaque » en est une bonne illustration de l’équilibre yin yang de la respiration et de son impact physiologique. Cette technique consiste à prendre un rythme respiratoire de cinq secondes d’inspiration et cinq secondes d’expiration, enchainés pendant cinq minutes. Les mesures du rythme cardiaque pendant l’exercice mettent en évidence une mise en équilibre des systèmes nerveux sympathique et parasympathique (Figure 2). La phase d’inspiration correspond à une accélération du rythme cardiaque et donc à l’activation du système sympathique, et que la phase d’expiration à un ralentissement du rythme cardiaque et donc à l’activation du système parasympathique.
Le rythme cardiaque habituellement très irrégulier, car en constante adaptation à l’environnement par l’alternance des systèmes sympathique et parasympathique, devient régulier grâce à cet exercice respiratoire.
Cette technique, utilisée pour la gestion du stress, est très simple à mettre en place et efficace. Elle est par exemple utilisée par les pilotes de chasse de l’armée de l’Air.
Figure 2 - Rythme cardiaque avant et pendant l'exercice de cohérence cardiaque
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Ce rythme respiratoire a été évoqué par plusieurs experts chinois de qigong : en introduction d’un stage sur le qigong des cinq animaux, en novembre 2019 à Lyon, Maitre Hong Hai Yuan évoquait que ce rythme permettait d’entrer dans un état propice à la pratique du qigong. Lors du troisième colloque scientifique de qigong santé en octobre 2019 à Brest, le Professeur Lei Bin évoquait une respiration optimale pour un état de bonne santé de six cycles respiratoires par minutes qui correspond au rythme de la cohérence cardiaque.
En médecine chinoise, il est possible de ramener la pathologie à une rupture de l’équilibre dynamique yin/yang. (3) Dans la pratique du qigong, nous cherchons à ramener ou conserver cet équilibre et il parait donc indispensable de réguler les systèmes sympathiques et para sympathiques et donc l’équilibre physiologique par la respiration.
5 - Qigong et respiration
Si nous reprenons les 3 régulations, d’une façon globale, nous pouvons identifier les quatre types de relations entre respiration et corps, et respiration et esprit.
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Relation 1 : impact de la respiration sur le corps :
La respiration permet :
             - d’alimenter le corps en Qi, (QingQi),
             - d’apporter de l’O2 (et donc de l’énergie aux cellules) et d’éliminer le CO2 : ceci dans le but
d’un équilibre physiologique.
             - d’équilibrer les systèmes nerveux sympathiques et parasympathiques, et donc de limiter les
tensions physiques, sources de mauvaise circulation du qi (blocage, excès)
             - d’améliorer la circulation du qi, du sang, et de liquides organiques par l’activité du
diaphragme : massage et mobilisation des organes abdominaux, Foyer Moyen et Inférieur.

Relation 2 : impact du corps sur la respiration :
Le corps engendre la respiration par les structures impliqués dans la respiration (muscles, os, poumons…). Les propriétés du corps, souplesse, tonus musculaire détermine le potentiel de respiration. A l’instant T, le mouvement et la position du corps modifie la respiration. Un mouvement ou une position qui agrandissent les poumons en ouvrant la cage thoracique vont engendrer l’inspiration et son amplitude. Inversement, les mouvements qui réduiront le volume thoracique vont engendrer l’expiration.

Relation 3 : impact de l’esprit sur la respiration :
L’esprit intervient sur la respiration lors des respirations conscientes et inconscientes. Dans le cas d’une respiration inconsciente, les informations de l’environnement captées par les sens vont impacter les systèmes nerveux sympathique et parasympathique avec une adaptation de la respiration. L’état émotionnel modifie également la respiration comme nous l’avons vu précédemment. Dans le cas d’une respiration consciente, lorsque celle-ci est dirigée, c’est l’esprit qui pilote la respiration et qui peut choisir le type de respiration.

Relation 4 : impact de la respiration sur l’esprit :
L’esprit peut rester spectateur de la respiration qui dans ce cas devient un point d’ancrage pour l’esprit, comme pendant une pratique méditative. La respiration peut influencer le système nerveux autonome. Dans le cas d’une situation stressante, la respiration peut permettre de réduire les symptômes et l’impact physiologique du stress en activant la voie parasympathique. Elle permet une prise en compte plus adaptée des émotions et limite leur impact psychologique, physiologique et énergétique.

5.1 - Augmentation de la capacité respiratoire
Comme nous l’avons vu précédemment, la capacité respiratoire est liée au volume de la cage thoracique mais également à sa capacité de se déformer, donc à la souplesse musculaire, articulaire et osseuse (au niveau des côtes).

Dans ce sens, de nombreux mouvements de qi gong permettent d’augmenter la capacité respiratoire. La tension musculaire juste recherchée dans les mouvements avec étirements, associée à une

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respiration adaptée permet de développer la souplesse du corps. Dans le cas de la respiration, ce sont tous les mouvements de rotation, étirement, torsion de la colonne vertébrale, de la cage thoracique et abdomen qui seront concernés.

Toutes les pratiques sportives ou artistiques qui recherchent la souplesse, propose des exercices d’étirements ou la respiration à une place prépondérante. La respiration doit être profonde et calme, l’esprit détendu, afin d’accompagner le relâchement musculaire et donc favoriser son étirement. (8)

De manière naturelle et mécanique, les mouvements qui vont dans le sens d’un agrandissement du volume de la cage thoracique sont accompagnés d’une inspiration. Les mouvements qui les resserrent et les mouvements qui compriment la cavité abdominale sont accompagnés d’une expiration.

Les sept mouvements suivant tirés des séries de qigong santé illustrent l’impact des exercices sur les composantes de la capacité respiratoire :

Masser le dos (Rouji Shi) - 5ème mouvement de DaWu
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S’envoler (Feishen Shi) - 8ème mouvement de DaWu
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Les deux mains levées soutiennent le ciel pour réguler les trois réchauffeurs – 1er mouvement de BaDuanJin
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Tirer à l’envers les queues de neuf boeufs - 5ème mouvement du YiJinJing
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Montrer les griffes et déployer les ailes - 6ème mouvement du YiJinJing
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Neuf diables tirent le sabre du fourreau - 7ème mouvement du YiJinJing
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Profonde inclination - 11ème mouvement du YiJinJing
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Faire tourner un treuil - 5ème mouvement du ShiErDuanJin
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Ces mouvements n’ont bien sûr pas l’unique objectif de développer les capacités respiratoires, mais leur impact est important. De nombreux exercices de kinésithérapie respiratoire utilisés en réhabilitation sont basés sur les mêmes mouvements.
5.2 - Respiration, souffle et intention
Dans la pratique du qigong, les Trois Régulations sont la régulation du corps, de la respiration et de l’esprit. Il y a donc un lien fort entre respiration et esprit et donc entre souffle et esprit. La respiration peut servir d’ancrage à l’esprit et l’esprit peut diriger la respiration. Dans une respiration dirigée, l’esprit peut modifier le rythme, l’amplitude, le type de respiration et donc l’étage respiratoire (thoracique, abdominale…), les apnées… Par la pratique on peut également apprendre à guider le souffle dans une zone du corps. Ceci ne peut se faire que par un relâchement et donc la régulation du corps.
Comme nous l’avons vu dans un chapitre précédent, la respiration entre complètement dans le principe de la dynamique yin / yang. A l’inspiration, temps yin, le souffle rentre à l’intérieur et descend. Il doit être guidé dans les organes, les os et les moelles et jusqu’au DanTian inférieur grâce à la respiration diaphragmatique abdominale.
A l’expiration, temps yang, le souffle se dirige vers l’extérieur, depuis les méridiens, vers les muscles et la peau.

En médecine chinoise l’esprit se retrouve dans la notion de Shen (神). Les différentes composantes du Shen sont en lien avec les cinq organes (3):
           - Shen : Configuration et coordination / en lien avec le Coeur
           - Po : Protection et conservation / en lien avec le Poumon
           - Hun : Initiative et impulsion / en lien avec le Foie
           - Zhi : Détermination et réalisation / en lien avec les Reins
           - Yi : Intention et conception / en lien avec la Rate

L’esprit est également en relation avec le Sang, puisque ce dernier est le support du Shen. Lorsque l’esprit est calme et serein, le système nerveux autonome est en mode parasympathique, le rythme cardiaque est plus lent et régulier, la physiologie est tournée vers la régénération, la respiration plus lente, régulière et profonde. Le Qi circule de façon harmonieuse.
Tous ces différents éléments physiques et psychiques sont interdépendants et la pratique du qigong tend vers un état d’équilibre.
Le Yi (意), que l’on traduit souvent par intention, est un élément souvent cité par les enseignants de qigong. Il est un élément important de la différence entre les mouvements de qigong, type DaoYin, et des mouvements de pratiques gymniques sportives. Si nous prenons l’exemple d’un mouvement d’étirement, dans les deux cas (DaoYin et sport) il y a la composante physique, visible : la position du corps engendre un étirement musculaire et tendineux d’une zone du corps. Dans les deux cas, la respiration est présente et occupe une place importante dans la finalité de la position.
Dans les deux cas, le pratiquant cherche un relâchement physique et mental, que ce soit dans un objectif d’efficacité d’assouplissement ou de circulation énergétique. Il faut cependant remarquer, d’après mon expérience, que de nombreux sportifs pratiquent des exercices d’étirements sans prendre en compte la respiration et le relâchement. L’intention intervient donc en qigong afin de guider le souffle dans le corps. Ceci demande beaucoup de pratique car il faut un niveau de conscience corporel élevé, d’où l’importance de la notion de persévérance et d’assiduité de gong (功).
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Il existe de nombreux types de respiration dirigée donc consciente, basés sur l’intention.
Certains exercices permettent de guider le souffle dans certains méridiens. On peut citer par exemple la Petite Circulation Céleste qui permet de mettre en mouvement le Qi dans les deux méridiens particuliers RenMai (任脈) et Du Mai (督脈). Il s’agit ici de guider le souffle par l’intention et la respiration selon le trajet des méridiens et donc améliorer la circulation du Qi.
Il est possible de porter son intention sur un ou plusieurs points en particulier, comme par exemple dans la Respiration des Cinq Portes. Dans ce cas, le pratiquant se concentre sur les points BaiHui (百会), LaoGong (劳宫) et YongQuan(涌泉). Cet exercice permet la communication du Qi entre intérieur et extérieur par les cinq portes, à l’aide de la respiration : inspiration (temps yin) des points vers le DanTian inférieur et expiration (temps yang) du DanTian inférieur vers les points.
Il est également possible de porter son intention et le souffle vers une zone plus vaste du corps comme dans la Respiration de la Peau. Dans ce cas le Qi est guidé, toujours selon la dynamique yin/yang, vers l’intérieur (organes internes et moelle) sur l’inspiration et vers l’extérieur (muscles et peau) sur l’expiration.
L’intention peut être présente dans la réalisation d’un mouvement, comme par exemple la poussée sur le sixième mouvement du YiJinJing : Montrer les griffes et déployer les ailes. On retrouve ici l’utilisation de la respiration pour guider le souffle selon la dynamique yin/yang. L’inspiration est réalisée avec une ouverture thoracique et une respiration diaphragmatique qui permet de conduire le souffle au DanTian, et l’expiration avec la poussée des mains vers l’extérieur. La fin de la poussée des mains se termine par une phase de tension et d’apnée, que nous approfondirons dans le chapitre suivant.
Nous venons de voir que l’intention est une composante indispensable dans la pratique du qigong, mais il faut cependant veiller à garder un équilibre et ne pas mettre trop d’intention. Nous retrouvons ici le principe du Wu Wei taoïste. Alexandre Legendre défini le Yi comme une intentionnalité sans conscience (9) : « L’enjeu de la pratique est d’une part, d’installer cette intentionnalité aux commandes du mouvement («以意導動» yi yi dao dong, « utiliser l’intention pour conduire le mouvement »), d’autre part, de ne pas entrer cette même intention sur des représentations préformées. »
Lors du colloque de Qigong Santé d’octobre 2019 à Brest, Professeur LeiBin a présenté la diapositive suivante (Figure 3) lors de son intervention. Celle-ci illustre bien l’équilibre à trouver au niveau de l’intention dans la respiration.
Figure 3 - « Les effets du Qigong Santé sur le système respiratoire et circulatoire » Pr.LEI Bin
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根据自身需要,运用不同的呼吸, 优化内环境, 促进精,气, 神的转化,达到生命状态有序化。呼吸注意事项 :
1 以自然呼吸为主。
2 避免执着。
3 循序渐进
En fonction des besoins de chacun, utiliser différentes méthodes de respiration, optimiser son environnement interne, promouvoir le jing, le qi, transformer le shen, atteindre un état de vie équilibrée. Il faut prendre en compte les points suivants pour la respiration :
1 - laisser place à une respiration naturelle
2 - éviter de forcer la respiration
3 - progresser lentement

L’intention focalise l’attention du pratiquant sur un point de la pratique aux dépens de la globalité. Il peut engendrer des tensions physiques et psychiques et donc un déséquilibre dans la circulation du Qi. En médecine chinoise, un excès d’intention Yi, nuira aux fonctions de la Rate et pourra générer des stagnations de Qi.
Il me semble important de rapprocher la notion d’intention de celle de présence. La pratique du qigong est intimement liée à la présence, qui permet de vivre complètement l’expérience de régulation du corps, de l’esprit et de la respiration. Un des objectifs de cette expérience est son enregistrement qui permettra de la reproduire au quotidien. Cette notion d’enregistrement d’expérience est une composante du Yi.
5.3 - Utilisation des phases d’apnées
L’apnée désigne l’arrêt de la ventilation et donc des échanges gazeux entre le corps et l’atmosphère. Il fait partie des trois possibilités du processus de la respiration : inspiration, expiration, arrêt de la respiration.
Il existe plusieurs types d’apnées commandées par les différentes voies nerveuses :
              - Apnée volontaire : lors d’exercices respiratoires, pour se protéger (de fumées présentes dans l’environnement, ou lors d’immersion sous l’eau…)
                    - Apnée reflexe : lors d’une immersion involontaire dans l’eau…
                  - Apnée involontaire : lors d’un événement stressant, liée à une pathologie (apnée du sommeil, arrêt cardiaque), ou dans la vie quotidienne en lien avec une émotion…

Nous nous intéresserons, dans le cadre de la pratique du qigong aux apnées volontaires.
L’apnée peut être présente dans les différentes phases de la respiration : en fin ou en cours d’inspiration ou d’expiration.
Bien que les apnées volontaires soient utilisées dans plusieurs disciplines (Yoga, sophrologie, qigong…), je n’ai pas trouvé d’étude scientifique sur les apports et bénéfices de l’apnée comme technique respiratoire. Travaillant dans une clinique spécialisée dans la réhabilitation respiratoire, j’ai interrogé quelques collègues kinésithérapeutes sur l’utilisation de l’apnée. Une d’entre eux a évoqué l’utilisation de l’apnée en kinésithérapie respiratoire afin de favoriser l’expansion pulmonaire.
D’après mon expérience, on utilise l’apnée en qigong, en fin d’inspiration et en fin d’expiration.
Dans le premier cas elle fait souvent suite à une inspiration forcée, jusqu’au volume résiduel inspiratoire maximum, et est souvent accompagnée d’une mise en tension du corps par contraction musculaire. C’est un peu comme si le corps était mis sous pression. On peut reprendre l’image du
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piston d’une seringue, que l’on viendrait presser alors que l’orifice de la seringue serait bouchée. La pression est ensuite relâchée grâce à l’expiration qui fait suite à l’apnée, accompagnée par un relâchement physique des zones contractées. Dans ce cas, l’objectif est de remettre le Qi en mouvement et de supprimer les stagnations. C’est comme lorsque pour déboucher un tuyau bouché par des particules agglomérées, on augmente la pression dans le tuyau en le clampant et on la libère brusquement. Nous avons d’ailleurs expérimenté ensemble ce type d’exercice avant la méditation. Dans l’autre cas, l’apnée se place en fin d’expiration. J’ai pu identifier deux situations.
Dans la première, il s’agit plus de laisser progressivement et naturellement s’arrêter l’expiration dans la zone du volume courant, plutôt que de bloquer la respiration par une action brusque. Il s’agit de prolonger le mode parasympathique du système nerveux de l’expiration. Cette période d’apnée engendre un état de vide au niveau de l’esprit, un moment de flottement, ainsi qu’un profond relâchement physique.
Dans la deuxième, il s’agit de prolonger l’expiration, dans le volume résiduel d’expiration, sur un mouvement vers l’extérieur, et de terminer par une tension physique accompagnant l’apnée. Comme exemple, on peut citer la poussée dans la deuxième partie du sixième mouvement du YiJinJing : Montrer les griffes et déployer les ailes. D’après mon expérience, il s’agit là également de remettre le Qi en mouvement et de supprimer les stagnations. Pour les neurosciences, l’inspiration qui fait suite à ce type d’apnée se fait sans intervention musculaire jusqu’au volume courant (par retour élastique de la structure des poumons) et permettrait un relâchement musculaire profond.
5.4 - Utilisation de la voix
La voix est produite grâce à la respiration, et plus particulièrement grâce au souffle généré par l’expiration.
Ceci explique, comme nous l’avons vu précédemment, que la voix est en lien avec le fonctionnement du Poumon et du Qi. Elle peut donc être utilisée pour établir un diagnostic médical.

Inversement, elle peut être utilisée pour travailler la respiration et donc le souffle. Il est donc logique qu’elle soit utilisée en qi gong comme dans le LiuZiJue ou le YiJinJing (dans le 8ème mouvement « Trois plateaux tombent à terre »).
La production de la voix se déroule en trois étapes :
                  - 1ère étape : Grace au mécanisme de la respiration que nous avons étudié précédemment, l’air
inspiré, suite à la contraction du diaphragme, vient remplir la cavité des poumons. Lors de la phase
d’expiration, l’air est projeté à l’extérieur des poumons et remonte vers les voies aériennes supérieures.
Une respiration diaphragmatique abdominale, souvent préconisée dans les techniques de chant (ou
dans l’utilisation des instruments de musiques à vent), lors de l’inspiration, permet donc d’obtenir une
colonne d’air plus importante et de charger le Dantian inférieur en Qi, et lors de l’inspiration, d’utiliser
les muscles expirateurs (abdominaux).

                - 2ème étape : Le passage de l’air expiré provoque la vibration des cordes vocales et du larynx. Ces vibrations sont ensuite transmises à l’air expulsé.
                - 3ème étape : le son produit par les vibrations de l’air est amplifié ou filtré par résonance grâce aux organes résonateurs que sont les cavités buccales et nasales. Les sons peuvent ensuite être modulés grâce aux mouvements et aux placements de la langue, du palais, des lèvres et des dents, qui influent sur la forme et la taille de la cavité et donc de la résonance.
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La vibration mécanique produite par les organes vibrant du corps est transmise à l’air, produisant un son utilisé pour communiquer, mais les vibrations sont également transmises au reste du corps. Pour illustrer ce phénomène, on peut prendre comme exemple un instrument de musique à corde : lorsque la corde d’une guitare est pincée, elle vibre et produit un son, mais la vibration de la corde est également transmise au corps de l’instrument qui vibre à son tour. Il est facile de percevoir cette vibration en posant la main sur la guitare.
La voix est une vibration émise à partir du souffle, et qui se propage dans le corps. C’est une illustration de la fonction de transformation du Qi (QiHua / 气化).
Les vibrations sont une énergie utilisée dans de nombreux domaines pour la séparation de composés chimiques ou de pièces. En kinésithérapie respiratoire, il existe des machines vibrantes qui permettent de décoller les mucosités dans les voies respiratoires. On peut aisément imaginer que les vibrations engendrées lors de la production de la voix puissent avoir un effet de dispersion sur les stagnations, les mucosités… et permettre une meilleure circulation du Qi.
Les taoïstes ont développé des exercices respiratoires de santé basés sur la production de sons. Ces techniques dont les premières traces datent d’avant les Han, ont évoluées au cours de l’histoire avec comme apogée la période des Six dynasties et des Tang. Elles permettent un travail respiratoire avec toutes les composantes vues dans les chapitres précédents, mais elles ajoutent un lien entre la production de sons et les théories des organes et des 5 mouvements. Les souffles étaient initialement en lien avec les divinités des différents organes mais cet aspect n’est plus envisagé dans les méthodes actuelles officielles.
L’inspiration se fait par le nez et l’expiration par la bouche afin de produire le son. Différentes versions ont été utilisée mais la version actuellement proposée par le Centre de gestion du qigong pour la santé, Liu Zi Jue défini six souffles en correspondance avec les six organes : Foie, Coeur, Rate, Poumon, Reins et les Trois Foyers selon le principe d’engendrement des cinq mouvements.
« Xu » : Souffle pour le Foie
« Xu » est le caractère 嘘 qui signifie « expirer lentement, siffler, pousser un soupir ».
Le son « Xu » doit être prononcé en tirant les commissures des lèvres vers l’arrière et en pressant le point RenZhong (DuMai 26) contre les dents. L’expulsion est légère et tiède car elle vient du fond des Poumons.

« He » : Souffle pour le Coeur
« He » est le caractère 呵qui signifie « expirer, expulser le souffle ».
Le son « He » doit être prononcé en montant la partie arrière de la langue vers le palais et resserrant la gorge à la base de la langue. C’est un souffle chaud (comme pour produire de la buée sur une vitre). Il permet d’expulser la chaleur.

« Hu » : Souffle pour la Rate
« Hu » est le caractère 呼qui signifie « expirer».
C’est le caractère de la respiration 呼吸 (HuXi). Le son « Hu » doit être prononcé avec les lèvres rondes. C’est un souffle expansif qui vient du centre et qui rayonne dans toutes les directions.

« Si » : Souffle pour le Poumon
« Si » est le caractère 呬qui se prononce usuellement « Xi » et qui signifie « fredonner ».
Le son « Si » doit être prononcé en maintenant le contact entre les dents du haut et celles du bas sans les serrer.

« Chui » : Souffle pour les Reins
« Chui » est le caractère 吹qui signifie « souffler, jouer d’un instrument à vent, le souffle du vent, ».
C’est un souffle qui crée la sensation d'un courant d'air froid.

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« Xi » : Souffle pour les Trois Foyers
« Xi » est le caractère 嘻qui signifie « rire ».
Ce souffle est produit en tirant légèrement les commissures des lèvres vers l’arrière, comme lors d’un sourire. L’expiration est douce et vient de l’intérieur du corps.

Il y a eu différents courants et théories concernant cette méthode et le nombre de répétitions de chaque souffle varient en fonction des courants avec un but thérapeutique.
La méthode actuelle officielle permet une harmonisation mais certaines écoles proposaient des méthodes pour disperser ou pour tonifier, en utilisant le souffle de l’organe mère (selon la relation d’engendrement de la théorie des cinq mouvements) pour tonifier un organe. Par exemple, il faudrait utiliser le souffle Xu (du Foie) pour tonifier le Coeur (le Foie étant la mère du Coeur). De même, le volume sonore devait être adapté en fonction de l’état de la personne. Pr LeiBin préconise l’émission d’un souffle presque inaudible pour les personnes fragiles.
Dans le 8ème mouvement du YiJinJing « Trois plateaux tombent à terre », le son « Hai » est prononcé en accompagnant le mouvement de descente du corps et des mains. Ce son, prononcé dans une tonalité basse, permet de faire descendre le souffle.
Il est facile d’expérimenter que les sons graves qui viennent du ventre font descendre le Qi alors que les sons aigues, émis au niveau de la gorge, font monter le Qi.
5.5 - Qigong de Guolin
Ce qigong a été développé par Mme Guolin dans les années 1960, afin de lutter contre le cancer dont elle était atteinte. Sa méthode regroupe un ensemble de techniques, mouvements d’ouverture / fermeture, sons thérapeutiques et marches avec exercices respiratoires.
Ces dernières sont appelées marche de Guolin ou XiXiHu mettent en évidence les pouvoirs de la respiration sur la physiologie. Il existe différentes variations sur la position des mains, le rythme, le mouvement de la tête… en fonction du type de cancer mais le principe de base de cet exercice reste l’adoption d’un rythme respiratoire cadencé sur les pas :
                      - un pas avec deux inspirations : XiXi (吸吸)
                      - un pas avec une expiration : Hu (呼)

La respiration se fait par le nez, et contrairement à la respiration préconisée habituellement en qigong, fine, longue, lente, profonde et régulière, celle de Guolin est courte, rapide, sonore, superficielle, dynamique… Elle est appelée respiration de type vent.
Nous sommes ici très loin des pratiques traditionnelles de qigong. Le qigong de Guolin est d’ailleurs présenté comme « nouveau qigong » : GuoLin Xin QiGong (郭林新气功). Mais il s’agit ici d’illustrer l’impact de la respiration sur la physiologie et la santé.
L’explication scientifique de l’efficacité de cette technique respiratoire contre le cancer est la sur-oxygénation qu’elle entraine au niveau cellulaire. Le développement tumoral est en lien avec des conditions d’hypoxie, et la sur oxygénation naturelle engendrée par ce type de respiration permet de modifier le terrain, avec donc un aspect préventif. Elle permet de limiter le développement des cellules cancéreuses et donc les métastases et les récidives, et elle permet une meilleure efficacité des thérapies conventionnelles : chimiothérapie et radiothérapie.
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Cette technique est bien sûr à privilégier en complément des thérapies conventionnelles. Cependant, de nombreux cas de rémissions et guérison ont été observés avec la pratique du qigong de Guolin. C’est le cas en Chine, lorsque les patients n’ont pas accès aux soins conventionnels, principalement pour des raisons financières. C’est également le cas lorsque les traitements ne sont pas suffisamment efficaces et ne permettent pas la guérison.
J’ai suivi une formation au qigong de Guolin organisée par « La maison de la médecine chinoise » avec Maitre Li YingWei en avril 2019. Atteint d’un lymphome diagnostiqué en 2001, à l’âge de 35 ans, il a suivi une chimiothérapie, mais les médecins lui ont rapidement annoncé qu’il n’y avait pas d’espoir de guérison. Il s’est alors tourné vers la pratique du qigong de Guolin comme seule alternative face à la maladie. Guéri, il continue à pratiquer et maintenant à enseigner. En Chine, la transmission de cette méthode se fait de patients à patients, en groupe, dans les parcs. Les personnes, après trois ans de rémission peuvent enseigner aux malades.
Je n’ai pas trouvé de publications scientifiques démontrant l’efficacité de la méthode dans le traitement du cancer, à part le résultat de deux études qui montrent l’amélioration de la qualité de vie et des capacités aérobies :
                       - "Effects of Long-Term Guo Lin Qi-Gong Practice on Cancer Survivors' Quality of Life and Aerobic Capacity: A Preliminary Report".Wang, Renwei; Zhu, Weimo; Yuan, Zhengping; Lu, Huijuan; Gao, Yong; Fan, Liling; Wang, Jibing; Rowland, Kendrith M.; Courneya, Kerry S.; and Schneider, Carole. (2009). Medicine & Science in Sports & Exercise, 41(5, Supplement 1), 111
                           - “The efficacy of Guolin-Qigong on the body-mind health of Chinese women with breast
cancer: a randomized controlled trial.”
Liu P., You J., Loo WTY., Sun Y., He Y., Sit H., Jia L., Wong M., Xia Z., Zheng X., Wang Z., Wang N., Lao L., Chen J.. Qual Life Res. 2017 Sep;26(9):2321-2331. doi: 10.1007/s11136-017-1576-7. Epub 2017 Apr 18

Cependant, de nombreux témoignages semblent démontrer l’efficacité de la méthode dans la lutte contre le cancer, au-delà d’un simple bien être. Les exercices doivent bien sûr être pratiqués quotidiennement, avec assiduité, en veillant à garder un équilibre entre pratique et repos pour ne pas épuiser le corps.
Lors de séances de rééducation dans le service de neurologie d’une clinique, j’ai accompagné un patient atteint d’un glioblastome. Après avoir subit une opération chirurgicale d’exérèse, il suivait un traitement de chimiothérapie et radiothérapie, mais les chances de survie à ce type de cancer restent faibles. Je propose habituellement différents types d’exercices, qigong, taijiquan,… mais il me semblait plus adapté de lui proposer des séances de marche de Guolin. Je lui ai présenté comme une marche avec exercices respiratoires. Il est toujours délicat dans un cadre médical de trouver l’équilibre au niveau de la présentation et de l’explication de la méthode, pour susciter la motivation sans donner de faux espoirs de guérison. Nous avons pratiqué tous les jours du lundi au vendredi pendant deux mois dans un parc voisin de la clinique. Il a quitté la clinique avant le confinement mais a continué à pratiquer seul.
Bien que le qigong de Guolin a été développé pour lutter contre le cancer, il est également préconisé avec des variantes pour certaines maladies chroniques comme la BPCO.
6 - Respiration et Qigong : Réflexions
Comme nous l’avons vu, la respiration est une activité globale par rapport à son impact sur le corps et l’esprit. C’est à la fois un moyen et un objectif. Dans les deux cas, elle permet d’activer le système nerveux parasympathique, de relâcher les tensions physiques et psychiques et donc une meilleure circulation du Qi. Elle peut servir de point d’ancrage et permet de libérer l’esprit, d’augmenter la présence, diminuer le stress...
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Le recul pris au niveau émotionnel grâce à la respiration permet de limiter les déséquilibres énergétiques (nous avons vu que chaque émotion a un impact sur le Qi) et éviter leur chronicité et donc les maladies.
Les mouvements du diaphragme ont une action mécanique sur les organes de l’abdomen (amélioration du péristaltisme intestinal, circulation du Qi et limitation des stagnations…), sur le sang et les liquides organiques (amélioration du retour veineux)… C’est un outil toujours disponible (hors situations pathologiques) qui permet d’améliorer son état de santé physique et psychique.
La respiration et le souffle sont au centre de la pratique du qigong. Ce sont deux éléments intimement liés, le souffle étant le fruit de la respiration, phénomène physiologique. La pratique du qigong permet de développer les qualités de sa respiration, au niveau de la physiologie (amplitude, profondeur, fréquence…) et au niveau de la conscience. Elle permet également d’utiliser le souffle afin de trouver le juste équilibre énergétique.
A ce jour, il y a deux points sur lesquels je m’interroge et qui sont la pratique d’exercices respiratoires et l’intention.
Comme nous l’avons vu en introduction, il existe deux écoles à propos de la respiration dans le monde des pratiques psychocorporelles : une qui se base sur l’absence de consigne pour la respiration lors de la pratique, et l’autre qui passe par un apprentissage de techniques respiratoires.
D’après mon expérience, le qigong tel qu’il est enseigné actuellement fait plutôt partie de la première école. La plupart des professeurs que j’ai suivis ne proposaient pas d’exercice respiratoire. Les consignes pendant la pratique allaient dans le sens de ne pas diriger la respiration tout en gardant le contact avec elle.
LiuZiJue rentre dans la catégorie des exercices respiratoires, en lien avec l’expression TuNa, mais il est rarement présenté comme tel mais plutôt comme un exercice basé sur les sons.

Durant notre séjour dans les Alpes cet été, Renping nous a proposé un exercice également basé sur les sons, permettant de travailler sur les trois DanTian. Comme pour LiuZiJue, cet exercice est basé sur la respiration mais il est bien plus qu’un simple exercice respiratoire. Il est un travail de qigong à part entière car basé sur le souffle.
Le qigong utilise la respiration pour travailler le souffle, le Qi. Il permet d’améliorer la fonction respiratoire mais propose, dans ses versions actuelles, peu d’exercice respiratoire présenté comme tel. C’est une différence importante avec le yoga et le pranayama.
Durant mes quelques années de pratiques de Qigong, je n’ai connu que l’enchainement du Professeur Zhuang GuangDe « Guider et Harmoniser l’énergie pour régulariser la respiration » (Dao Qi Ling He Tiao Xi Gong / 导气令和调息功), qui soit un exercice respiratoire à part entière.

Pour ma part, j’ai fait le choix de pratiquer et de proposer des exercices respiratoires. Mon parcours m’a fait découvrir la puissance de la respiration et celle du souffle, avant de découvrir le qigong. C’est cette étape qui m’a permis de rentrer dans la pratique du qigong. Il me parait intéressant de développer une conscience de la respiration par des exercices spécifiques, si l’on souhaite l’observer, la guider, l’utiliser.
Le deuxième point sur lequel je m’interroge est l’utilisation de l’intention dans la respiration et le souffle.
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Il semble que, une fois de plus, tout est histoire d’équilibre et le dosage est parfois subtil. L’objectif est d’entrer dans un mode qui exclut toute conscience réfléchissante. (9) Ce mode ne semble accessible que par l’apprentissage et plus précisément par la pratique et la répétition. Dans « Leçons sur Tchouang-Tseu », Jean François Billeter (10) nous cite les exemples du boucher, du nageur et du charretier pour illustrer cet état ou la pratique est réalisée sans cet état de conscience réfléchissante. La pratique, par la répétition, est complètement intégrée par le pratiquant.
Durant mes cours de neurosciences en STAPS à l’université, j’ai pu faire le parallèle avec l’enseignement de ZhuangZi. La répétition permet d’automatiser des tâches. Lorsque la tâche est acquise, les traitements de l’information peuvent se faire en parallèle. Il est donc possible d’effectuer un mouvement précis et de rester présent à plusieurs critères, respiration, sensation, intention… Une tâche automatisée nécessite peu de ressources attentionnelles ce qui laisse de la disponibilité attentionnelle. Ce niveau d’intégration est donc nécessaire afin de réaliser un mouvement avec une intention, tout en restant spectateur des messages envoyés par le corps, la respiration...
L’intention dans ma pratique personnelle a évolué avec l’expérience et il semble que seule la pratique permette d’ajuster l’intention. Ceci m’interroge par rapport à la transmission et je n’ai pas trouvé à ce jour la solution pour guider les élèves et les patients sur cette voie, en les laissant expérimenter, sans les influencer.
Conclusion
La rédaction de ce mémoire m’a permis de faire le point sur ma situation actuelle suite aux trois années de formation de l’école Wushu Brest.
Elle coïncide avec un changement de vie personnelle et professionnelle qui s’intègre complètement dans la continuité de la formation. En effet, j’ai fait le choix d’orienter ma vie vers la pratique, la recherche et l’enseignement du qigong dans un cadre en adéquation avec cette discipline. C’est le début d’une longue exploration, avec de nombreuses expérimentations concernant la pratique et la transmission. Ce mémoire est un état des lieux mais c’est avant tout une première étape, et j’ai pour objectif de l’enrichir en parallèle de mon évolution.

Mes recherches sur la respiration m’ont permis d’enrichir mes connaissances pour mon nouveau travail à la clinique, puisque nous accueillons principalement des patients atteints de maladies respiratoires. Mon objectif à la clinique est le développement du qigong mais j’utilise également d’autres outils issus du taijiquan, du karaté L’association « Hauteville Qigong Santé » que j’ai créée dans notre nouveau village est également une voie de développement autour du qigong, complémentaire car avec un public complètement différent.
Malgré mon éloignement, j’espère pouvoir continuer à suivre l’enseignement de Renping Su Goarzin, Catherine Despeux, Pr Leibin et Yvan Velard afin d’enrichir ma pratique et mes connaissances.
L’année 2020 est une année charnière, avec la gestion des nombreux changements personnels, familiaux et professionnels durant cette période de pandémie et ses contraintes. Je devrais reprendre un rythme stabilisé en 2021 et je prévois la reprise de plusieurs projets mis de côté sur l’exploration de la médecine chinoise, la culture et la langue chinoise. La plus grande difficulté reste de trouver les sources…

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Remerciements
Je tiens à remercier Krystel, ma compagne, qui m’a toujours soutenu et encouragé dans mon projet et qui m’a permis de trouver le temps et l’énergie pour la rédaction de ce mémoire dans cette période agitée.
Je remercie Renping Su Goarzin pour son accueil chaleureux au sein de son école et pour l’énergie qu’elle déploie et transmet autour du wushu santé.
Je remercie Yvan Velard et Herenui Vonsy, pour leur accueil, leur patience et leur bienveillance.
Mes remerciements vont bien sûr également à l’ensemble des enseignants de la formation, Renping Su Goarzin, Catherine Despeux, Pr Leibin, Yvan Velard pour la qualité de leur enseignement, leur engagement dans la transmission et leur disponibilité.
Un grand merci à l’ensemble des personnes rencontrées dans le cadre de la formation, de Bretagne, de Chine, de Paris, de Voiron et d’ailleurs… pour les moments partagés.
Photo
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Bibliographie
1. Despeux, Catherine. L'expiration des six souffles d'après les sources du Canon taoïque. Un procédé classique du qigong. [auteur du livre] Jean Pierre Dieny. Hommage à Kwong Hing Foon - Etudes d'histoire culturelle de la Chine. Paris : Institut des Hautes Etudes chinoises, Collège de France, 1995.
2. Calais-Germain, Blandine. Respiration. Anatomie, Geste respiratoire. Paris : DésIris, 2007. ISBN 2-907653-98-9.
3. Marié, Eric. Précis de Médecine Chinoise - Histoire, théories fondamentales, diagnostic et principes thérapeutiques. s.l. : Editions Dangles, 2008. ISBN : 978-2-7033-0717-4.
4. Lei, Bin. Colloque national de Qigong Santé. Conférence : "Les effets du Qigong Santé sur le
système respiratoire et circulatoire.". Brest : s.n., 2019.

5. Marc, Guiose. Relaxations thérapeutiques. Paris : Heures de France, 2007. ISBN : 9782853852968.
6. Binet, Alfred et Courtier, J. Influence de la vie émotionnelle sur le coeur, la respiration et la circulation capillaire. L'année psychologique. 1896, Vol. 3.
7. Zaccaro, Andrea, et al. How breath-control can change your life: a systematic review on psychophysiological correlates of slow breathing. Frontiers in Human Neuroscience. 7 septembre 2018.
8. Geoffroy, Christophe. Guide pratique des étirements. Cumières : C.Geoffroy, 2008. 978-2-9513971-5-1.
9. Legendre, Alexandre. L’idéal du laisser-agir (wuwei) dans les pratiques martiales chinoises : quelle place pour le soi dans l’action efficiente ? Movement & Sport Sciences - Science & Motricité. ACAPS, EDP Sciences, 2018, 99, 59-67.
10. Billeter, Jean François. Leçons sur Tchouang-tseu. Paris : Editions Allia, 2016.
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    Ce blog est né du désir de Renping de partager les différentes    expériences d’apprentissages   des élèves de l’école Wushu Brest. 

    Elle apportera son analyse des mouvements de Wushu,accompagnée de citations, en collaboration littéraire avec Catherine Bretéché, afin d’alimenter le sens de nos pratiques….  
    > Lire la suite

    Bibliothécaire

    Catherine Bretéché
    La lecture peut-elle être un bon vecteur de Qi ? Une musique peut-elle me transformer en grue en aigle en papillon ? Un film m'ouvrir à "La Voie" ?....

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