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Esprit-Cœur et Santé

9/19/2021

 
FORMATION WUSHU SANTÉ - Mémoire Grégoire Huon
ESPRIT-CŒUR et SANTÉ
Grégoire Huon
Travail d’étude 2017-2020
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Table des matières
1- Introduction ............................................................................................................................................
2- Traduction-Trahison ................................................................................................................................
3- QI ............................................................................................................................................................
4- Santé .......................................................................................................................................................

Figure 2 : Schéma 5 éléments ........................................................................................................
Organe et Esprit ............................................................................................................................

5- Cœur Xin et Esprit-cœur Shen ..................................................................................................................

Le cœur Xin est le siège de l’âme et du souffle .............................................................................
6. quels sont nos outils ? .............................................................................................................................

6.1 Méditation Taoïste ..................................................................................................................
6.2 En Occident .............................................................................................................................
         6.2.1 Apprendre à vivre ........................................................................................................
         6.2.2 Apprendre à Dialoguer ................................................................................................

         6.2.3 Apprendre à mourir .....................................................................................................
         6.2.4 Apprendre à lire ..........................................................................................................

Conclusion ...................................................................................................................................................
Bibliographie................................................................................................................................................
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Table des figures
Figure 1 : Le yin et le Yang ..........................................................................................................................
Figure 2 : Schéma 5 éléments ......................................................................................................................
Figure 3 : Idéogramme du cœur ..................................................................................................................
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1- Introduction
      Bien loin de vouloir survivre, ce qui m’intéresse et me motive est de savoir « qu’est-ce que vivre ? ». Notre présence individuelle et collective a-telle un sens, une logique ?

      Nos cinq sens perçoivent. De nos perceptions nous construisons mentalement une idée. Notre croyance en cette idée nous transforme. Que cette idée soit vérifiable factuellement ou pas, notre confiance en elle modifie notre vie. Nous sommes des êtres doués d’une grande capacité d’abstraction, d’imagination, nous permettant de créer des concepts sur lesquels nous nous appuyons pour justifier notre action. Des cathédrales ont été construites sur le concept de « Dieu ». Des conduites sociales, vestimentaires, sexuelles, alimentaires sont dictées par des concepts qui relèvent de l’arbitraire.

       D’après Spinoza, nous appelons « bon » ce qui nous fait du bien et « mauvais » ce qui nous fait du mal. Nous donnons ainsi une valeur aux choses et aux actes qui les rend moral ou pas. Et donc nous modelons les concepts par un travail mental. Un nouvel éclairage, un autre point de vue nous permet de mieux supporter une situation ou nous motive à l’action. Dans un jeu de va-et-vient, nos pensées modifient nos perceptions. Elles amènent plus facilement à notre conscience ce qui est susceptible de nous intéresser.

       Au-delà des idées subtiles, d’une manière plus directe, nous subissons les émotions. Elles ne relèvent pas de notre choix et trahissent bien souvent une logique ou un raisonnement. D’abord nous ressentons des émotions, puis nous élaborons des pensées associées à celles-ci. Soit par nous-même, soit grâce aux concepts préconstruits par la société, les religions, la science, la technique (etc.). Nous pensons afin de comprendre notre environnement, de nous rassurer, de nous protéger, en un mot survivre.

      Les émotions sont un accès privilégié qui peut nous permettre de connaitre ce que nous vivons réellement. Elles sont l’expression de la vie en nous. La vie comprise comme un équilibre dynamique, le déséquilibre pouvant engendrer la maladie.

      L’individu est au centre de sa santé, il en est le premier acteur. Il en est responsable. Son hygiène de vie, corporelle, alimentaire, gestuelle, mentale influence son équilibre de vie. De nombreuses publications scientifiques font le lien entre croyance religieuse, spiritualité, système immunitaire et bien-être. En croisant des gens malades, on est souvent confronté à la question du « comment suis-je tombé malade ? » qui va de pair avec la question du « Pourquoi suis-je tombé malade ? ».

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     On constate régulièrement que le sens qu’un individu donne à son état de santé ou maladie modifie profondément les choses : la perception, la douleur ressentie, la dysfonction, le pronostic de la maladie, l’état général du patient voire l’individu en entier … Et cela que le sens soit « juste » ou pas. Une nouvelle façon de voir les choses, qui modifie notre émotion, peut nous permettre un chemin vers la guérison ou accentuer le déséquilibre, la maladie.

      Pour donner du sens, l’individu doit faire le point sur son ressenti, sur ses émotions. Il doit être attentif à ce qui arrive en lui. Bien avant de construire ou de laisser une pensée se construire en lui, il doit faire de la place, et observer les matériaux grâce auxquels il pense … reconnaitre les perceptions et sentiments qui l’amène à la pensée.

       L’Esprit-cœur des taoïstes, le couple Shen-Xin, peut être traduit par l’ensemble de nos fonctions psychique et spirituelle. C’est la conscience que nous avons de nous même et c’est grâce à lui que nous pouvons juger et discerner. Il clarifie la pensée et apaise l’émotion. Il est l’outil de notre introspection. Son travail sur lui-même est un moyen pour trouver la paix.

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2- Traduction-Trahison
      Pour comprendre un concept, il nous faut déjà aborder la langue dans lequel il est construit. Ce n’est pas une chose facile. Pour ce qui est des textes traduits du chinois, ils sont souvent directement présentés en alphabet latin sans préciser l’idéogramme traduit. On peut trouver différentes traductions, en fonction du contexte historique, culturel ou du but de l’ouvrage traduit, en plus d’appréciations personnelles du traducteur …

     Jean François Billeter nous met en garde. Un mot traduit peut selon son contexte perdre le sens qu’on lui donne traditionnellement. De même qu’un mot peut complètement sortir de son champ lexical en changeant de langue. Ainsi il dit :

      « Le mot « raison », par exemple, n’a pas d’équivalent en chinois. Je veux dire par là qu’on ne peut pas se servir d’un même mot pour rendre « j’ai raison », « une petite fille qui a déjà toute sa raison », « l’âge de raison », « avoir raison de », « faire triompher la raison ». A chacune de ces expressions correspond certes des tournures chinoises, mais elles n’ont pas d’élément commun qui les réunirait dans un même champ sémantique. Sans parler des dérivés tels que « raisonner », « raisonnable », « rationnel », « irrationnel », « déraison », etc., qui, pour nous, font partie de la même famille, mais qui n’ont pas de rapports de cousinage comparables en chinois. » Billeter, J.F. (2004, 2002, 2010)

      Ajoutons que le motif du texte apporte son lot d’incompréhension. Ce travail sur l’esprit-cœur m’a amené vers la philosophie antique occidentale et Pierre Hadot. Ce dernier propose les textes comme formateurs et non pas informatifs. Le texte ne contient ni ne diffuse une information mais vise par son style, ses symboles et parfois son incohérence à faire réfléchir le lecteur (Hadot, P. 1993, 1995). 

     La comparaison des deux cultures est très riche. La pensée occidentale est très analytique. Elle s’attache à définir précisément et à cerner l’objet, le concept qu’elle étudie. Nous sommes dans une réflexion qui tranche et sépare. La pensée chinoise fonctionne par image et corrélation. Les choses ne sont pas définies en tant que telles mais par rapport à leur entourage, leur interaction. Cette pensée polarisée nous laisse entendre que tout est en interrelation : le froid et le chaud restent des températures et le froid est un chaud en devenir et inversement.

     Ainsi pour agencer le monde, Il existe dans la culture chinoise, différents types de classement régissant les interactions entre les choses : en 3 parties comme les trois trésors, en 5 comme les 5 éléments, en 12 en référence aux 12 principaux cours d’eau de Chine etc.

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    Dans ce contexte, le mot « Shen » souvent traduit par « esprit » se rapporte donc à un ensemble psychosomatique polarisé et non pas à la notion dualiste d’esprit, dans le duo « corps-esprit » de Descartes.

     De plus, en fonction de l’ouvrage choisit, de son objectif et de son ancienneté, les traductions varient. On trouve le mot « Xin », cœur, traduit en esprit-cœur dans des ouvrage liés à la médecine chinoise. Ce mot est compris dans un champ plus anatomique. On trouve le mot « Shen » dans des ouvrages de psychologie et philosophie pour la même notion d’esprit-cœur.

      Par exemple un auteur Wang Qing Ren (1768-1831) propose une répartition du Shen en un système à 3 parties : le Yuan Shen, Shen originel dont l’organe serait le cerveau, le Shi Shen conçu comme une transformation du Yuan Shen par le contact avec les émotions. Il permet l’apprentissage et la communication avec le monde. Et enfin le Yu Shen qui l’esprit du désir, de l’émotion.

      Dans un autre ouvrage de médecine chinoise de Giovanni Maciocia et Sylviane Burner « la psyché en médecine chinoise », on trouve les mots Shen 神 et shen 身, différenciés par une majuscule et un idéogramme différent, dont le premier renvoie à « esprit » et le deuxième au « corps ». Il met en relief que l’individu est considéré dans sa globalité … de même que la traduction d’esprit ne ramène pas à la seule psyché, la traduction de corps ne rend pas compte de la seule matière physique. On trouve ainsi de nombreuses expressions chinoises contenant le mot shen où le terme se rapporte à l’individu, le soi, la vie, la personne …


• an shen : rendre le corps paisible = « s’installer dans la vie »
• chu shen : mettre le corps en avant = « lancer sa carrière »
• shen fen : place du corps = « statut personnel »
• shen shi : monde du corps = « expériences personnelles »
• zhong shen : jusqu’au bout du corps = « jusqu’à la fin de la vie »
• ben shen : corps de base = « soi-même »
• sui shen ; en suivant le corps = « sur la personne »

     Dans un troisième contexte, pour les taoïstes, on parle de plusieurs « shen » comme des entités vivantes en nous. Ici le mot Shen est traduit par esprit, âme, instances psychiques, génies de la nature. Mais le Shen du cœur est mis à part :

      « Le cœur est l’empereur du corps, il abrite le Shen, et si le cœur est fort et équilibré, alors les autres organes du corps qui ont tous leurs rôles de ministres, le seront aussi. »

      On voit donc se profiler une silhouette du « Shen » qui oscille entre la psyché, une représentation du corps, de l’individu et de sa vie. Il ressemble plus à une qualité, une vertu, une

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fonction qu’à une chose, sans pour autant être tout à fait séparé de l’individu physique et même de son cœur.

      Le concept de Qi nous permet de mieux comprendre cet univers de continuité entre matière et esprit, ou encore entre structure et fonction.
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3- QI
Laozi 42
« La Voie engendre le Un.
Le Un engendre le Deux ;
Le Deux engendre le Trois,
Le Trois engendre les dix milles êtres.
Les dix milles êtres sont adossés au Yin et font face au Yang ;
En eux jaillit le souffle qui crée l’harmonie. »

       Le taoïsme propose une vision polarisée du monde. Tout relève de la même substance, le Qi. L’origine de ce Qi est la Voie, insondable, mystérieuse, dont on ne sait rien. Construire une pensée de la Voie est déjà la limiter, la falsifier. Elle est plus qu’un concept : nos capacités de représentations touchent ici leur limite. On sait d’elle qu’elle engendre l’Un, le Qi. Et du Qi, on peut accueillir les manifestations.

       « L’UN engendre le Deux »

       Et ce Qi se présente en différentes formes : dense il est matière, fluide il est fonction-esprit-principe … l’un et l’autre ne sont pas différents de nature, mais juste de présentation. Ainsi le Deux n’existe que dans ce couple. On n’est pas dans une logique d’opposition mais bien de complémentarité. Définir l’un c’est définir l’autre …

      Ceci est illustré par les concepts de ciel antérieur et ciel postérieur. Le ciel antérieur désigne l’univers non manifesté où se trouve tous les potentiels, les plans, les concepts et principes … le ciel postérieur est la manifestation concrète, matérielle du ciel antérieur.

      On pense évidemment au Yin-Yang, qui permet une différenciation sans opposition de toute chose … il y a toujours du Yin dans le Yang et inversement …

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Figure 1 : Le yin et le Yang
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       « Le Deux engendre le Trois »

      Il y a donc deux aspects au QI, plus leur interrelation, soit trois manifestations. Le Trois se comprend chez l’homme dans le concept de Trois Trésors : Jing-Qi-Shen. Jing est un potentiel structurant, venant de la nutrition et de la sexualité. Il est relatif à la matière, forme dense du Qi. Et le Shen est, comme on l’a vu au-dessus, difficilement traduit par esprit, âme, génie de la nature. Pour l’individu, il est relatif aux fonctions physiologiques et psychiques. Encore une fois, l’un n’existe pas sans l’autre.

       « Le corps est le mot pour désigner sa substance matérielle, et l’esprit est un mot pour désigner sa fonction, comme celle d’un couteau bien aiguisé. On ne se pose pas la question de savoir si le tranchant survit à sa destruction. » Fan Zhen (450-515).

       On prête au Qi quatre mouvements et cinq fonctions. Les mouvements sont la montée et la descente, l’entrée et la sortie. Les fonctions sont l’impulsion, le réchauffement, la protection, le contrôle et la transformation.

    Pour nous occidentaux, le Qi est communément traduit par énergie, flux, souffle. Ces mots mettent principalement en relief sa capacité de fluctuation, donc de continuité, et la manifestation qu’il produit, donc son activité. L’énergie est un terme qui existe dans notre pensée occidentale depuis l’antiquité. Il est défini par Aristote, comme une « force en action » en opposition d’une « force en puissance », en potentiel … donc l’énergie est manifeste. Elle implique une transmission et un changement d’état. On s’aperçoit que ce terme est utilisé dans beaucoup de domaines différents. De la physique, à la philosophie en passant par l’économie, la nutrition, la spiritualité, l’énergie a de multiples acceptations. Un aliment énergétique me permet de déployer de la force. On parle d’une personne énergique pour quelqu’un qui présente vigueur et volonté. Une machine comme une voiture

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utilise du carburant pour produire force motrice et chaleur, on parle de rendement énergétique. Une conversation qui fait changer d’opinion. La prise en compte d’information change un état d’esprit, on n’est pas loin de la maïeutique socratique…

   Cependant ces différentes illustrations ne sont pas antinomiques. Le point commun de toutes ces représentations est la transformation : on retrouve une transmission qui produit un travail, un effet et donc un changement d’état. En physique classique, tout est considéré comme échange permanent, du macroscopique au microscopique : entre système, entre matière dans un même système, entre atome, et au sein même des atomes. La vision taoïste d’un monde composé d’une seule « substance » présente sous différents aspects est donc très moderne et cohérente.

      Appliquée à la santé, ce concept permet une compréhension globale. Notre approche occidentale Cartésienne, sépare le corps de l’esprit. Le corps est présenté comme une machine complexe et l’esprit comme ce qui anime cette machine. D’une façon plus moderne, le corps est structure et l’esprit est fonction. La médecine occidentale actuelle, toujours plus analytique, n’utilise d’ailleurs pas le mot « esprit », car il est jugé mal défini.

     La médecine taoïste nous propose donc de comprendre l’ensemble comme une unité se présentant sous forme de matière-corps et de fonction-esprit. L’un n’allant pas sans l’autre. Comment cela se comprend ? et quelles en sont les conséquences ?

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4- Santé
« J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour ma santé »
Voltaire, (1761)

      On trouve dans la littérature scientifique des publications faisant le lien entre l’état de santé émotionnel, la croyance, et le système immunitaire. En deux mots, le stress diminue les capacités de notre système immunitaire à nous défendre (Segerstrom et Miller, 2004). Et une croyance, fondée ou non, augmente nos défenses immunitaires (Cohen et al. 1999 ; Koenig et al. 2012). Au-delà de la science, la définition de la santé de « l’Organisation mondiale de la Santé » (OMS) est :

       « Un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ».

     L’OMS ajoute donc une distinction supplémentaire : bien-être physique, mental et social. Le bien-être individuel ne se limite pas à l’individu mais prend aussi en compte sa place dans la société. Cette définition éloigne la notion de « survie », approche biologique de l’existence, pour aller vers la « vie » qui comprend une dimension mentale, sociale, bref qui donne un sens à notre expérience de vie.

     De ce point de vue encore les concepts taoïstes sont pertinents. L’individu est un microcosme dans un macrocosme et les deux sont à l’image l’un de l’autre. On peut même dire qu’il dépasse de loin le cadre proposé par l’OMS en y incluant l’ensemble du monde cosmique donc évidemment la société humaine.

     On trouve, dans le Tao-Te-King, des conduites-à-tenir individuelles que « le saint » se doit d’appliquer en société. Le Confucianisme va encore plus loin en construisant des rites sociaux sans lesquels l’harmonie ne pourrait exister. La société est considérée comme un système possédant différents organismes ayant chacun leur rôle, leur fonction individuelle nécessaire au fonctionnement global. De même, le corps est composé de plusieurs organes ayant chacun sa fonction. Toujours en corrélation d’un système à l’autre, la médecine taoïste propose donc un corps « habité » de plusieurs organe-esprit. ; chacun jouant son rôle, sa fonction comme dans la société, dans la nature.

     Une émotion particulière est la manifestation d’une dysfonction d’un organe. Les médecins taoïstes ne conçoivent pas de dysfonctions physiques indépendantes d’atteintes psychiques, ni inversement. Là où nous voyons un couple organe-émotion, eux voient deux aspects d’une même chose.

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     On parle du système des 5 éléments. Chaque élément comprenant une corrélation de couleur, saveur, temporalité, mouvement, sensorialité et donc un couple « esprit-organe » … Les différentes interprétations et acceptations ajoutent des subtilités mais reviennent toutes à la notion d’unité dont l’esprit-cœur est le Seigneur. Il est le gouverneur des autres esprits.
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Figure 2 : Schéma 5 éléments
Organe et Esprit

• Le cœur abrite donc le Shen (sa fonction) qui est lié au discernement, à la clarté, à l’intelligence.
• Le poumon dont le rôle est de distribuer les souffles nourriciers, abrite le Po en lien avec l’instinct de survie, la protection de soi. Sa dysfonction se manifeste par de la tristesse, de l’anxiété.
• Le foie est le général du corps, il participe à sa défense. Il abrite le Hun, lié à la créativité, aux projets. Sa dysfonction fait apparaitre la colère.
• Le rein est l’organe de la force, de la volonté, de l’ingéniosité et de l’affirmation de soi. Son esprit est le Zhi. Il gouverne l’Eau du corps et contient l’essence du Jing, les schéma structurant le corps.

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• La rate, grenier du corps, est lié aux apprentissages et à la logique. Représentante du système digestif, elle transforme et transporte le Qi issu de l’alimentation. Sa dysfonction est la rumination, le ressassement.

5- Coeur Xin et Esprit-coeur Shen
       Anatomiquement, le cœur est situé au milieu de la poitrine, sur le diaphragme et entre les poumons. C’est un organe musculeux et creux, qui en plus de recevoir des messages électriques et hormonaux du reste du corps, a sa propre innervation autonome. Il est lié aux poumons par les artères et veines pulmonaires et à l’ensemble du corps par l’artère aorte et la veine cave. Il est protégé par le péricarde. Le couple cœur-poumon enrichit le sang en oxygène et le purifie de son dioxyde de carbone, puis diffuse à l’ensemble de l’organisme l’oxygène, « carburant » nécessaire au bon fonctionnement de l’organisme.

         Ainsi il est dit que « Le Cœur produit et engendre le sang ».

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Figure 3 : Idéogramme du cœur
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Le coeur Xin est le siège de l’âme et du souffle
       Le cœur Xin est le seul des cinq organes et des douze viscères dont le caractère ne comporte pas le radical de la chair. Il est le point de connexion entre le monde créé, incarné et le monde des formes, des pensées, émotions et intuitions, entre le ciel postérieur et le ciel antérieur. Il peut aussi bien correspondre à l’organe qu’à la conscience dans une acceptation large. Jean-Marc Eyssalet dit du Xin qu’il joue un rôle féminin de réceptacle par rapport au Shen. Il est marqué par la notion de vacuité et d’écoute du Shen. Il précise :

      « Sur un plan plus vaste, cette ouverture du cœur appelle la Clairvoyance ou Clarté de l’esprit, Shen Ming. 神明. Cette expression souligne l’extrême clarification de la conscience qui, passant par la tranquillité alerte Jing, et la pureté transparente Qing, laisse directement affluer la lumière des yeux vers le cœur (entendre ici la pensée, l’intelligence qui se rendent vers l’intuition, et du cœur vers les yeux (entendre l’intuition qui transforme l’intelligence). » Eyssalet, J-M. (1998)

       Dans le Lingshu (pivot des Esprits) il est dit : « Le cœur est le chef suprême des cinq viscères et des six palais, l’endroit où s’abrite l’essence et l’âme. Ce viscère-trésor est ferme et solide et les éléments pernicieux ne peuvent s’y immiscer ; s’ils y pénètrent, le cœur est blessé ; si le cœur est blessé, l’âme le quitte et lorsque l’âme le quitte, la mort survient ».

      Dans une analogie avec l’état, « le souverain d’un pays est comme le cœur d’un organisme ». L’Esprit-Cœur peut « ressentir », « recevoir » les émotions. A partir des perceptions dévolues à chaque organe, le cœur reconnait une émotion, l’évalue et la redistribue dans le corps. L’Esprit-Cœur, Shen, intègre et coordonne pour influencer les 4 autres Esprits présents dans le Corps : Po, Hun, YI et Zhi.

      C’est le confluent de l’individu : toutes les perceptions sont pesées, évaluées par le Shen. C’est à travers lui qu’en découle un sens. En dehors d’un rapport avec une vérité factuelle ou logique, le Shen est celui qui ressent. Ce n’est pas celui qui rationnalise, qui construit une pensée logique mais c’est celui qui accueille ce qui est, puis élabore une émotion. D’où son importance cruciale pour Laozi, pour qui contempler son Esprit-Cœur permet de distinguer l’intérieur de soi et l’extérieur, donc son rapport au monde. Il convient de prendre soin de cet outil. L’image du miroir est utilisée : « nettoyant l’insondable miroir, peux-tu le laver de toute impureté ? ».

      De même Tchouang-Tseu dit du Parfait : « qu’il use de son esprit comme d’un miroir, il ne reconduit pas les choses, ne va au-devant d’elles, il y répond sans les retenir. C’est ce qui le rend capable de se charger de toutes les choses sans qu’elles lui portent atteinte ».

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      Par la voix de J-F. Billeter, Tchouang-Tseu parle « du ceci » et « du cela ». Le juste et le faux sont présentés comme deux polarités d’une pensée commune, variant selon l’angle de vue. Son propos lors de ce dialogue du chapitre 2 n’est pas le Qi, mais le jugement, le discernement. Quand l’un et l’autre pivotent autour d’un vide (fait-il référence au Tao ?), on répond sans être pris en défaut et il n’y a plus de limite à l’usage du juste, ni à celui du faux.

       Le miroir pur reflète le monde comme il est. En dehors de toutes constructions intellectuelles, sans relation au passé et sans projection dans un futur, il permet sans a priori de voir le monde dans sa véritable lumière. Par cette observation de soi, nous effectuons un pas de côté. Nous sortons de l’affect, de l’émotion, ce qui nous rend accessible le silence sur lequel sont posés les bruits du monde. Cela ouvre un espace de calme et de quiétude dans lequel n’entrent ni l’agitation de la société, ni les constructions mentales. Cela nous recentre sur nous-même affranchi de nos égos et de leurs projections sociales.

      Être capable de contempler ses propres affects nous déleste de leur poids. La tristesse, la rumination, la colère, la peur sont attachées au temps, au souvenir que nous avons et aux projections que nous construisons. Pris dans ses émotions, nous nous agitons. Notre personne est dans un « régime d’activité » allant vers l’action volontaire. Par l’introspection, nous libérons une action « parfaite », au sens naturel, sans artifice …

      « La contemplation est une immersion, où l’on ne voit plus rien, ne sait plus rien, où toutes les distinctions s’abolissent. Cela seul permet de rester dans le mouvement de la vie, par incorporation, qui est un abandon de la conscience claire et de la pensée discursive, mais une plénitude d’esprit. » (Elizabeth Rochat de la Vallée)

      Cette modification de point de vue rend possible l’accueil de ce qui est, dans un rapport immédiat – intemporel et spontané – et laisse jaillir une interaction légère et évidente avec le monde qui nous entoure. Et inversement c’est par l’accueil de ce qui est que notre point de vue change. Ce retournement vers soi induit une boucle vertueuse : il met en lumière notre fonctionnement de pensée, l’allège, ce qui permet une introspection plus puissante.

Laozi 33
« Qui connait autrui est intelligent, Qui se connait est éclairé. »

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1.Conte philosophique extrait du « cercle des menteurs » de Jean-Claude Carrière
« Un soir, Rabia examinait le sol devant sa cabane.

« Que cherches-tu, Rabia ? » demandèrent les voisins.

« J’ai perdu mon aiguille », répondit la vieille femme.

Les voisins se mirent à chercher avec elle. Quelqu’un dit : « Rabia, il va faire nuit, nous n’aurons pas le temps de ratisser toute la rue. Essaie de te souvenir où tu as laissé tomber cette aiguille.

-je l’ai perdu chez moi, dans ma maison, fut la réponse.

-mais alors, s’étonnèrent les voisins, pourquoi cherches-tu dans la rue ?

- parce qu’ici il y a de la lumière, expliqua Rabia, tandis que chez moi il fait noir.

- voyons, Rabia, protesta quelqu’un, même avec de la lumière tu ne trouveras pas une aiguille qui n’est pas là. Rentre plutôt chez toi et allume la lampe ! »

Rabia se mit à rire :

« Vous êtes bien malins lorsqu’il s’agit de choses triviales ! Quand donc utiliserez-vous votre intelligence pour vivre en profondeur ? je vous vois tous chercher au-dehors ce que vous avez perdu au-dedans. Croyez-vous pouvoir trouver la félicité dans le monde extérieur ? L’avez-vous donc perdu quelque part hors de vous-même ? »

Rabia planta là ses voisins penauds et rentra chez elle. »

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6. quels sont nos outils ?
Laozi nous enseigne que le mouvement du Tao est le retour.
Laozi 40
« Le retour est le mouvement du Tao.
C’est par la faiblesse qu’il se manifeste.
Tous les êtres sont issus de l’Être ;
L’Être est issu du Non-Être. »
           Il nous engage dans un renversement des valeurs. Il nous invite à chercher en nous mais ne nous explique pas comment …
6.1 Méditation Taoïste
      La pratique méditative taoïste symbolise bien ce mouvement. Être ici, face à soi, dans un rapport direct et physique à soi-même. Se permettre de s’observer. Prendre le temps de noter que notre pensée voudrait s’échapper et vers où elle nous amène mais revenir à soi, à sa respiration, sa présence actuelle. Oublier les constructions sociétales, normatives et faire l’expérience de vivre ce que nous sommes naturellement, rien de plus ni de moins. Comme pour le concept de Tao, en parler est restreindre, et arrêter, limiter son champ de possible. Méditer dans un but est déjà un obstacle à cette méditation. C’est plus un état qu’une activité en elle-même. C’est une expérience nécessairement personnelle et qui prend autant de forme qu’il y a de personnes et de moments de pratique chez une même personne.

       Il existe une multitude de techniques ainsi qu’une multitude d’écoles, de courants qui entourent la médiation. Mais ces techniques ne sont pas la médiation. Comme l’état méditatif est personnel, chacun peut s’adapter à sa sensibilité pour réussir à se rencontrer.

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« Prendre son vol chaque jour ! Au moins un moment qui peut être bref, pourvu qu’il soit
intense. Chaque jour un « exercice spirituel », seul ou en compagnie d’un homme qui, lui aussi, veut
s’améliorer.

Exercices spirituels. Sortir de la durée.
S’efforcer de dépouiller tes propres passions, les vanités, le prurit du bruit autour de ton nom
(qui, de temps à autre, te démange comme un mal chronique).

Fuir la médisance. Dépouiller la pitié et la haine. Aimer tous les hommes libres. S’éterniser en
se dépassant.

Cet effort sur soi est nécessaire, cette ambition, juste. Nombreux sont ceux qui s’absorbent
entièrement dans la politique militante, la préparation de la révolution sociale. Rares, très rares, ceux
qui pour préparer la révolution veulent s’en rendre dignes. »

Texte de G. Friedmann en introduction du livre « Exercices spirituels et philosophie antique » de Pierre Hadot
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6.2 En Occident
      Nous retrouvons ce travail d’introspection chez les philosophes de la Grèce antique. Pierre Hadot, dans « exercices spirituels et philosophie antique » nous parle du même souci de travail sur soi et d’introspection. Dans un temps assez proche, environ 5 siècles avant Jésus Christ, des humains éloignés de plusieurs milliers de kilomètres développent une pensée commune. Ces sociétés commerçaient ensemble. On retrouve des objets chinois et indiens dans des sites de fouille en Crète. Les objets ne se déplaçant pas seuls, on pourrait extrapoler l’échange de théorie autant que de biens …

       L’approche de Pierre Hadot éclaire les textes d’une lumière nouvelle. Il considère les textes antiques comme des outils de formation et non pas des données d’informations. Leur but est d’amener le lecteur a une introspection pour savoir si sa pratique est en accord avec sa théorie. La philosophie antique étant considérée comme une hygiène de vie, une éthique dont on ne se détache pas même face à la mort, surtout pas face à la mort. La philosophie est donc une pratique concrète, le discours n’est rien sans l’acte qui va de pair. Les personnes qui élaborent de vastes pensées sans les appliquer sont appelés Sophistes, ce qui est péjoratif. Le terme lui-même de philosophe, « qui aime la sagesse », indique un chemin, une transformation et non pas un état. Il comprend un effort pour se rapprocher de la sagesse. Il y a un parallèle avec l’effort physique. De même que l’athlète en s’exerçant acquière une nouvelle forme et de nouvelles fonctions, le philosophe en entrainant son esprit, se transforme et s’améliore.

          Les exercices spirituels proposés ont 4 orientations :

6.2.1 Apprendre à vivre
       Pour l’ensemble des différentes écoles de la Grèce antique, nos souffrances viennent de nos passions : désirs désordonnés et craintes exagérées. Il est donc important de faire le point sur ce qui nous traverse. Les théories distinguent le bien que l’homme ne peut obtenir et le mal qu’il ne peut éviter, ou encore le désir de choses qui ne sont pas nécessaires de désirer et la crainte de choses que l’on n’a pas à craindre. On s’entraine donc à reconnaitre les évènements dans une perspective « physique », à les situer dans un tout cosmique et à les diviser en éléments auxquels ils se réduisent. Il est recommandé de commencer avec des choses simples et quotidiennes pour se familiariser avec le mécanisme et le reproduire. On s’appuie sur des textes, des maximes que l’on va assimiler en travaillant leur profondeur. Par exemple le « quadruple remède » des Épicuriens : « les dieux ne sont pas à craindre, la mort est sans risque, le bien facile à acquérir, le mal facile à supporter ». L’étude
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physique du monde nous apprend que les dieux n’y sont pour rien, donc on n’a pas à les craindre. La mort est dissolution et ne fait donc pas partie de la vie. En distinguant les désirs nécessaires et les autres, on peut combler facilement les premiers (manger, boire et ne pas avoir froid) et ainsi relativiser le reste … Cela revient à toujours vivre dans le moment présent. Pour les Stoïciens, c’est par une attention constante et une vigilance jamais relâchée. Pour les Épicuriens c’est par une détente et une acceptation de ce qui est, avec une gratitude profonde pour la Nature qui offre plaisir et joie. Tout comme pour l’approche Taoïste, c’est par l’analyse de nos affects qu’on se libère, donc par le travail de son esprit-cœur.
6.2.2 Apprendre à Dialoguer
       Dans un dialogue Socratique, l’intérêt n’est pas tant dans ce « dont on parle » que dans « qui est ce qui parle ? ». Par la rencontre avec l’autre, on prend conscience de sa propre position. De part cet échange on doit éclairer, justifier et assumer les contradictions entre nos actes et nos paroles ou nos pensées. Comme dans les dialogues de Tchouang-Tseu, le propos est « ce qui se passe en nous », de quoi faisons-nous l’expérience et comment le traduit-on ensuite en mots. La parole ne cherche pas à donner une information mais pousse à un examen de conscience. Ce qui compte n’est pas la solution du problème mais le chemin parcouru pour y arriver.

     Dans cette tradition le dialogue avec soi-même est appelé « méditation ». Encore une fois un même mot recouvre plusieurs sens.

     Donc plus on rencontre de personnes diverses plus on peut s’enrichir de leur vécu et explorer sa propre pensée. Il ne s’agit évidemment pas de savoir qui a tort ou raison. L’accueil de l’autre dans sa différence est source de connaissance de soi.

6.2.3 Apprendre à mourir
      La mort dont il est question ici est une séparation de l’âme et du corps. On pèse ici le poids de notre quotidien à l’aune de notre finitude. Que valent mes affects face à la mort ? L’objet est de permettre à « l’âme » d’être à l’abri des passions liées aux sens corporels, pour acquérir l’indépendance de la pensée. : « cet exercice est un effort pour se libérer du point de vue partial et passionnel, lié au corps et aux sens, et pour s’élever au point de vue universel et normatif de la pensée.
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S’exercer à mourir c’est s’exercer à mourir à son individualité, à ses passions, pour voir les choses dans la perspective de l’universalité et de l’objectivité. »
« Que la mort soit devant tes yeux chaque jour
et tu n’auras jamais aucune pensée basse,
ni aucun désir excessif »

Epictète

      Encore une fois ce changement de perspective, nous invite à une objectivation. L’exercice de la « mort » est une contemplation de la totalité de la Nature. Il nous permet de passer du subjectif à l’objectif dans un champ de vue universel. Le philosophe antique est caractérisé par sa « grandeur d’âme ». On fait facilement le parallèle avec la notion taoïste de Xin vaste permettant l’accueil de ce qui est et le déploiement du Shen.
6.2.4 Apprendre à lire
      Placer un texte dans un contexte et en comprendre le but permet une lecture différente. Exercer son sens critique sur ce qu’on lit est encore une fois un recul, un retournement qui nous apprend aussi ce que nous pensons et comment nous le pensons. Ainsi nous entrainons notre esprit qui est l’interface entre le monde et nous-même.

      La lecture est rencontre avec la pensée de l’autre et donc rencontre de deux pensées, l’autre et nous-même. Comme dans le Tao-Te-King, la rencontre de Deux engendre le Trois : une pensée neuve. La lecture représente un effort différent de l’échange vivant direct. Le temps dans lequel elle s’inscrit est plus long. Elle permet de convoquer des pensées d’auteurs disparus et oblige le lecteur à construire une représentation de ce qu’il lit, de se l’approprier. La lecture infuse le quotidien et redirige l’attention sur son sujet d’une façon beaucoup plus profonde que la parole ou le dialogue. Encore une fois on peut distinguer « ce que nous lisons » et « ce que cela produit en nous ».

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Conclusion
       Le sujet est « l’esprit-cœur et la santé ». La santé dans une acceptation large, qui nous permet de différencier la « vie » de la « survie », et « l’esprit-cœur » dans son paradigme « fonction-organe » inséparables.

      Un proverbe populaire dit : « un bon ouvrier a de bons outils ». Malgré son côté utilitaire, l’image peut nous parler … Pour s’épanouir le Shen doit être contenu par un Xin vaste. Ce cœur accueillant peut être une qualité de nature comme le fruit d’un travail sur soi. Cette culture de soi « agrandit » le cœur qui engendre un retournement du Shen sur lui-même plus efficace. On créée ainsi une boucle vertueuse, car la culture de soi, le retour à soi aiguise l’esprit.

       Mais dans quel but ? travailler sur soi pour quoi ? une réponse pourrait être : pour donner du sens justement à ce que nous expérimentons dans notre temps de vie. Le sens construit permet une vie plus paisible. De plus s’il est partagé ce « sens » se renforce et optimise les interactions sociales et donc la vie en collectivité.

       Nous sommes des animaux grégaires. La rencontre de « l’autre » nous donne l’occasion d’apprendre comment nous nous situons nous-même dans la société. Et Ainsi donner un sens sociétal à notre action et à notre vie. C’est d’ailleurs ce qui fait « société » : le partage d’une vision commune. Et c’est probablement ce qui nous fait défaut aujourd’hui. Tout est fait pour confirmer nos jugements et éloigner la rencontre de la différence. Cette différence présentée et intellectuellement connotée comme « mauvaise » dont on pourrait pourtant tant apprendre. Le respect et l’accueil de cet étranger à soi même est une formidable occasion d’enrichissement intérieur et donc de qualité de vie.

       Ce partage d’expérience relativiserait notre matérialisme moderne. Et nous pourrions prendre conscience que la joie, le bonheur stable est indépendant des conditions matérielles. Et à l’image des sages chinois d’autrefois comprendre que « la réussite n’apporte pas le bonheur, mais le bonheur est source de toute réussite
»
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Extrait des « Vers de la chouette », de Jia Yi traduit par A. Lavis
« Le grand homme ne fléchit pas.
Il reste droit au coeur de mille changements ;
Ils ne sont pour lui qu’une même compromission.
L’homme abêti s’enchaine aveugle à la coutume
Et souffre sans fin comme un prisonnier qui s’engeôle.
Le sage sait plier au bel abandon des choses.
Il lie sa vie au rythme saint du Tao seul.
Mais voici la foule qui s’enténèbre
Dans la soif et la haine qui plombent le coeur.
Limpide et calme, l’homme véritable
Trouve la paix céleste dans le Tao seul.
Ecartant la sagesse, oublieux des formes,
Dégagé, hors du souci de soi, vif et sauvage,
Plein d’une ampleur vide, il vole sur les ailes du Tao.
Porté par le flux, il navigue à la proue du monde.
Il trouve repos sur les ilots du fleuve,
Libérant son corps du destin.
Départie des craintes égoïstes,
Sa vie est flottaison,
Sa mort est grand repos.
Dans le calme tranquille
Qui rappelle au coeur des printemps,
Une barque sans amarre au courant sans objet.
Il regarde la perle vide que sa vie a sertie.
Son destin ajouré le libère du chagrin d’exister.

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Bibliographie

• Billeter, J-F. (2010) Notes sur Tchouang-Tseu et la philosophie, édition Allia
• Billeter, J-F. (2012) un paradigme, édition Allia
• Billeter, J-F. (2002), Leçons sur Tchouang-Tseu, édition Allia
• Billeter, J-F. (2004) Etudes sur Tchouang-Tseu, édition Allia
• Carrière, J-C (1999) le cercle des menteurs, édition plon
• Cohen, F., Kearney, K. A., Zegans, L. S., Kemeny, M. E., Neuhaus, J. M., & Stites, D. P. (1999). Differential immune system changes with acute and persistent stress for optimists vs pessimists. Brain, Behavior, and Immunity, 13(2), 155–174. https://doi.org/10.1006/brbi.1998.0531
• Despeux, C. (1981), Taiji Quan, art martial, technique de longue vie, édition Guy Trédaniel
• Despeux, C. (2010), Le Guide de l’Insondable, éditions Entre Lacs
• Despeux, C. (2017), Taoïsme & connaissance de soi ; édition Guy Trédaniel
• Elisabeth Rochat de la Vallée, La notion d’esprit dans les grands textes médicaux chinois : Contribution dans Le Sacré en Chine (p. 75-96), Brepols, Homo Religiosus, Paris, 2008.
• Épictète, Philosophie, Stoïcisme Manuel (publié par Arrien) [§ XXI, trad. J. Pépin, in Les Stoïciens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, p. 1117]
• Eyssalet, J-M. (1998), Montée des nuages- Descente des pluies, édition Guy Trédaniel
• Fan Zhen (450-515), De la destructibilité de l’esprit
• Hadot P. (1995) Qu’est-ce que la philosophie antique ? édition Gallimard
• Hadot, P. (1993) Exercices spirituels et philosophie antique, édition Albin Michel
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• Maciocia, G., Burner, S. (2012), La psyché en médecine chinoise, éditions Elsevier Masson, ISBN : 9782294713361
• Philosophie magasin hors série n°44 (2020), Sagesses du monde, édition Philo édition SAS, Extrait des « Vers de la chouette », de Jia Yi traduit par A. Lavis
• Segerstrom, S., & Miller, G. (2004). Psychological Stress and the human immune system : a meta-analytic study of 30 years of inquiry. Psycholl Bull., 130(4), 601–630.
• Voltaire (1761), Lettre à l'Abbé Trublet 27 avril 1761
• Wang quing ren ref ?

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